Cette pièce précieuse semble destinée à l'usage d'un enfant âgé d'environ six à huit ans ; à l'exemple de tant de harnois français du XVIe siècle, elle se présente privée de défenses de jambes, sans que l'on puisse affirmer que cet état soit celui de l'origine. La défense de tête est assurée par un armet clos ; les épaulières sont symétriques ; elles retiennent, par un système de soutien, les canons de bras mobiles, auxquels s'ajoutent des cubitières complétées d'ailerons bilobés. Le plastron est dépourvu d'arrêt de lance, son busc accentué, facteur habituel de datation, dont l'allongement est tributaire de l'évolution de la mode, le situe vers les années 1560-1570. Les tassettes sont allongées, constituées de treize lames, laissant présumer un emploi plus pédestre qu'équestre.
Toute la surface est gravée d'une mosaïque de petits trèfles bleuis que cernent des rubans dorés d'une extrême finesse d'exécution ; en bordure de chaque pièce, se déploie un décor perlé, limité par l'habituel ourlet travaillé en torsade. Des vestiges de la garniture interne, en satin violet piqué complété d'un feston brodé d'or, subsistent à l'intérieur de l'armet. Cet élégant décor semble évoquer certains motifs de tentures murales en cuir ou plutôt certains décors de textiles d'apparat notamment en contexte italien.
Les études les plus récentes attribuent ce magnifique harnois à Hercule-François d'Alençon (1554-1584), quatrième et dernier fils du roi Henri II, âgé de 6 ans en 1560, date probable d'exécution de la pièce.