Chapeau du Premier Consul Bonaparte Vue générale

Se qualifiant lui-même comme le « chapelier, costumier et passementier de l'Empereur et des princes », Poupard, qui devint « Poupard et Cie » en 1808 puis « Poupard et Delaunay » en 1811, fut le fournisseur attitré des chapeaux de Napoléon. Son enseigne, « Au Temple du Goût », était sise dans les galeries du Palais-Royal à Paris, « côté de la rue de Loi n° 32 ». Du Consulat à la fin de l'Empire, Poupard livra le fameux « chapeau castor français » ainsi que le dénomment mémoires et factures de l'époque, d'abord vendu 48 francs, puis 60 francs à partir de 1806.
Abandonnant en même temps que l'uniforme de général de division le chapeau galonné réglementaire, Napoléon opte dès les débuts du Consulat pour un modèle simple, courant dans l'armée française, qu'il porte habituellement en bataille, c'est-à-dire les ailes dans l'alignement des épaules. Confectionné en feutre noir à partir de fourrure de castor, ce chapeau possède pour tout ornement une cocarde tricolore glissée dans une ganse de soie fermée par un bouton recouvert de crins tissés ou de soie noire. La coiffe est garnie en satin. La forme et les dimensions de ce modèle ont connu de légères variations, de même que le feutre plus ou moins épais, ou le positionnement des couleurs de la cocarde. Il porte au fond de la coiffe la marque imprimée de Poupard : Au Temple du Goût- Poupard- M[archan]d Chapelier- Galonnier- Palais-Egalité- n°32- Paris. Rebaptisé Palais-Égalité sous la Révolution, le Palais-Royal prit le nom de Palais du Tribunat sous l'Empire, ce qui autorise à dater ce chapeau de l'époque du Consulat. D'ailleurs, après la proclamation de l'Empire, Poupard cessa d'apposer sa griffe à l'intérieur des chapeaux livrés à Napoléon. Ce chapeau porté par le Premier Consul, auquel manquent cocarde, ganse et bouton, fut vendu fin 1814 par Constant, le valet de chambre de l'Empereur, à François Quillot, maître tailleur à Fontainebleau. Passé à ses héritiers, le chapeau fut cédé par eux à un certain Nicolas, mercier de son état. Acquis à Drouot en 1928 par le colonel Durteste, il fut offert par ce dernier en 1953 au musée de l'Armée.