TÉMOIGNAGES DU LUNDI 17 JUILLET 2006
Un mythe vivant à La Réunion
Bienvenue à Gilberto Gil
Bien sûr, il parle avec les mains. Il parle avec le cour. Il est ici,
curieux de découvrir enfin l'ile de Gramoun Lélé qu'il a entendu
au Brésil. Lui, c'est Gilberto Gil, il sera en concert ce soir au Port.
G
ilberto Gil est parti
samedi après-midi du
Brésil, hier soir il
répondait dans un
hôtel à La Réunion
aux questions des journalistes
Son concert unique à la Halle
des Manifestations du Port se
situe en milieu de tournée mon-
diale. Une tournée qui a com
mencé le 25 juin à Amsterdam
avant de sillonner l'Europe:
France, Allemagne
Suisse... Il a marqué une pause
pour suivre la conférence des
intellectuels de l'Afrique et le
voici chez nous. Bienvenue Gil-
berto Gil
"Témoignages": Musicien et Minis-
tre, comment concillez-vous l'utopie
artistique et l'action politique?
Gilberto Gil: - La musique et la
politique se des choses différen
tes. Il n'y a pas de conciliation à
faire. C'est complémentaire, et il
peut y avoir des conflits aussi
C'est la vie. C'est autre chose. Je
Dédicace de Gilberto Gil ...
continue résiduellement à chan-
fer et je suis Ministre sur invita-
tion du Président
«La culture n'appartient
pas à l'élite,
elle appartient au peuple
Un autre journaliste lui demande
quel est le rôle de la culture et
il répond: -Ouelle que soit la len
sion sociale, la question écono-
mique... la culture est important
pour fous les pays. La culture c'est
une synthèse de la vie. Tout ce
que nous faisons, tout ce que nous
donnons, dans la dimension cul
turelle, spirituelle, symbolique,
c'est du dialogue. Tout ça c'est la
culture. Elle est universelle. Les
cultures appartiennent aux peu
ples, pas à une élite. Il explique
alors les programmes politiques
mis en couvre au Brésil pour
ouvrir à tous l'accès à la culture
et permettre à chaque créateur
d'exprimer son talent artistique.
Questionné plusieurs fois sur les
liens que la musique entretien
avec la politique, Gilberto Gil
reste prudent. Pour lui, quelles
que soit les paroles, le principal
c'est le son, c'est dans la musi-
La création
plutôt que le bizness
Quand un de nos confrères sou-
haite lui faire donner quelques
conseils aux musiciens locaux
pour exporter la musique réu-
nionnaise, il répond dans la
même logique: -la musique c'est
la musique. C'est pas la commer
cialisation. L'exportation ce n'est
qu'un dérivé. Ce qui compte, c'est
la dimensioni native Je n'ai pas
de conseils à donner. Chaque
créateur a sa propre façon de
considérer l'office la ache. Cha
cun a le choix de considérer la
musique comme moyen de vie
Alors qu'est-ce que la musique?
La musique peut etre moyen
d'expression au sens spintuel, elle
peut être source de conditions
matérielles, elle peut être une
arme pour la lutte sociale, politi-
que, religieuse. Mais en principe,
la musique, c'est l'art c'est un lari-
gage, une forme de communica-
tion. Moi j'utilise la musique
comme une forme d'amusement
personnel, comme outil de com
munication de mes sentiments,
de mes idées. Il précise encore
que le tropicalisme n'est pas une
forme politique, mais qu'il s'agit
plutôt d'exprimer la diversité
culturelle
Le Brésil
est une nation créole
"Témoignages": Le peuple brésilien
est-il un peuple créole?
-On peut considérer que le peu.
ple brésilien est créole si on
prend en compte sa diversité eth-
nique, culturelle, le mélange, le
métissage. Le Brésil est une
nation créole
Mals pourquol Gilberto Gil a-t-il
accepté de venir jouer à La Réu-
nion?-C'est la curiosité. Speciale
ment après la visite que Gramoun
Lele a fait au Brésil. Ce côté
famille, danse, musique... c'est
parell que la musique brésilienne,
du carrefour des traditions et du
causement politique
Un autre journaliste s'inquiète
de savoir comment il fait face
aux règles du marché mondial
de la musique et à son forma-
tage... Gilberto Gil lui répond:
«Nous nous dévouons à travail
ler pour maintenir la diversité cul
turelle Le formatage ce n'est pas
un problème artistique, c'est le
problème de la science, de la
technologie, de l'hégémonie poli-
fique, vues comme des mythes.
La démarche civilisatrice sacrilie
la liberté. La liberté n'existe pas
au sens absolu. C'est à relativi
ser. Nous décisions nous mêmes
de sacrifier notre liberté pour les
choses que nous désirons. La ciui
lisation c'est là le sacrifice de la
liberté, car la civilisation passe
par la répression. On est la
liberte? C'est paradoxal-
La liberté, si elle est chanson,
s'écoute ce soir au Port. Gilberto
Gil donnera un concert riche de
22 chansons retraçant son par-
cours artistique, sa vie, avec des
... aux lecteurs de TEMOIGNAGES.
Gilberto Gil en compagnie de Jean-Yves Langenier,
Maire du Port
chants en français, en portugais,
en espagnol... pour parler entre
autres sur l'esclavage, la peur,
la douleur, l'injustice, le manque
de solidarité, l'exclusion....
ÉVÉNEMENT 13
Alors, une dernière question,
pour la route. Que représente la
canne pour Gilberto Gil? -La
canne. Le sucre. La douceur.
Toute une économie, foute une
culture. Beaucoup de chose. Il y
a une musique qui s'est dévelop-
pée autour, loute une cuisine,
toute une gourmandise...
Comme quoi, à côté des luttes
mondiales sur le marché du
sucre, Brésilien et Réunionnais
partagent un peu la même his
toire, et surtout le même amour.
Francky Lauret
Le concert
Ce soir à 20 heures à la Halle des Manifestation du Port
Ouverture des portes avec Les Tambours du Port (defile batu-
cada) et le groupe Zikzako
Tarifs: 35 euros debout 50 euros assis
Point de vente otébiye
Vive la huexique!
few
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