LA CULTURE
Gilberto Gil à l'Olympia
UN FUTUR MEILLEUR
Le roi de la chanson brésilienne ne s'endort pas sur ses lauriers : conseiller municipal, militant du mouvement noir
et de l'écologie, il soutient aussi la candidature de Mandela au prix Nobel de la paix
G:
ILBERTO GIL, le célèbre chan-
steur brésilien, ne s'est jamais
contenté de
e nous charmer. Sa
voix a porté sans répit les revendications
des laissés-pour-compte. Deux ans après
le coup d'État militaire de 1964, il lance
avec d'autres artistes un mouvement cul-
turel de contestation, le tropicalisme. En
1969, il est contraint à l'exil et s'installe
en
retour au pays,
en 1972, il reprend ses activités politi-
ques. Son art est indivisible de la lutte
Angleterre. Dès son
sociale. Une fois de plus
son dernier
« O
Mu dança » (WEA)
Le morceau qui donne son titre au
disque est une injonction, sur rythme
funky énergique : «Le peuple demande
que la société change pour un futur
meilleur », nous explique l'auteur. La
chanson De Bob Dylan à Bob Mar
ley, un samba provocateur, lui a été
par un graffiti: Bob Marley
is Pin e plus d'etre
était
juif/Michael
Jackson, lui, re-
siste/Parce qu'en plus de blanc/il est
devenu triste ce 25 album se situe
dans la continuité de sa production dis
raphique, avec la meme ouverture
Le traitement sonore de-
meure classique : fidélité au son acousti-
aux
synthétiseurs.
que, recueix souple et l'expression mu
sicale qui sont à l'honneur. Il ne nous
reste plus que trois soirées pour nous
laisser conquérir par la magie de Ba.
hia... à l'Olympia. En attendant, il nous
parle.
Dans la chanson De Bob Dylan à
Bob Marley , j'évoque la façon dont la
colonisation - le catholicisme en parti-
reste beaucoup à faire pour la situation
de ces derniers, considérés comme des
citoyens de seconde classe, mis au ban
du pouvoir politique, de la production
économique, de l'accession à la richesse
et à l'éducation, alors qu'ils représentent
60 % de la population. Dans les institu-
tions établies, y compris les syndicats, ils
sont marginalisés. Il y a régression. Car
ils sont les premières victimes de la crise
économique,
Hier soir, vous avez donné un
concert au bénéfice de la fondation Mata
Virgem (Forêt vierge) Vous participez i
son conseil directeur.
Oui, elle vise à garantir la demar-
cation de la réserve indienne dans l'Etat
du Goiás. Sting, qui en est un des créa-
teurs, m'a proposé de m'y joindre. Les
propriétaires privés prennent du terrain
dans la réserve. Par la force armée, avec
la complicité de bandits. Ils abattent les
arbres et s'imposent. Repoussent les In-
diens et même les tuent. C'est très vio
lent.
- Vous avez été élu conseiller munici-
pal de Salvador et vous présidez la com-
mission de l'environnement...
Au sein d'un mouvement national,
« la Vague bleue , nous nous attelons
au probleme de la pollution des eaux ;
mer, lacs, fleuves, égouts, eaux de
consommation
Gilberto Gil : «Les Noirs au Brésil sont les premieres victimes de la crise économique.
C'est là que j'ai fait sa connaissance.
Plein d'artistes étaient présents. Nous
avons passé une merveilleuse soirée. Par
la suite, je suis revenu à plusieurs re-
prises au Shrine. La maison de Fela a
été détruite par les autorités le jour
même où je l'ai quittée, à la fin du festi-
val. Ils l'ont incendiée. Fela est, de fa
con typique, un chef traditionnel afri-
cain. Il est très courageux. La bravoure
est une qualité commune à ces chefs
africains.
OUJOURS aussi défricheur, le
Festival de jazz de Marne-la-
particulièrement honneur aux amoureux
des claviers: Bernard Maury, professeur
secret et discret des plus grands pia.
nistes français, qui donnera le coup
d'envoi de la manifestation, le 25 sep:
Michel Portal et de Mino Cinelu, le 28
Maurice Vander, un pilier du
jazz, aux
côtés d'Art Farmer, le 30; le Trio Ma-
chado, jeune et terriblement inventif, le
4 octobre, etc. Sans oublier Chris
le 6), à la tête de sa Frater-
nité du
,
rhood of Breath). Sud Africain blanc
anti-apartheid, il a préfére s'exiler en
Europe. Sa musique mele les promesses
du free jazz et les mélodies sud-
africaines. Elle sera le point de rencon
tre avec un autre phare de la culture et
de la contestation noires : le saxopho.
niste Archie Shepp,
Le 30 septembre, outre Art Farmer
Quartet
et Louis Sclavis Moers Project
,
courons découvrir Aladar Pege, un fieri
- Vous êtes attaché à vos racines afri-
caines. Vous rendez-vous souvent sur le
continent noir?
Oui. La première
fois c'était en 67,
en Angola. Puis en 1977, au Nigeria, a
l'occasion du FESTAC (grand festival
panafricain). Quand je suis arrivé au
Shrine, le club de Fela, quelques ins-
tants aprés a débarqué Stevie Wonder.
24 - L'HUMANITÉ/JEUDI 14 SEPTEMBRE 1989
- Seriez-vous favorable à l'attribu- son sacrifice, de sa force et de son im-
tion du prix Nobel de la paix à Mar
dela?
Diundo, pour le mouvement
anti en
Si
cette lutte est honorée à un pareil niveau
international, à travers la récompense
ment
, cela constituera un soutien décisif
à ce combat
Recueilli par Fara C.
Au Brésil, le mouvement noir se
sent très concemé par le combat contre
l'apartheid. Je soutiens complètement la
proposition faite pour que Mandela soit
choisi. Pour toutes les raisons que
contient le symbole représenté par cet
homme. Primo, pour lui-même person
nellement, comme une réparation, une
reconnaissance
sa perseverance et de
Jazz à Marne-la-Vallée
RODEURS INSPIRES
tier de la lignée des contrebassistes gi-
tans, si époustouflant que la veuve du
maitre de la contrebasse jazz, Charlie
Mingus, lui a offert un instrument ayant
appartenu à feu son mari. Passionnante
également la création du percussionniste
Youval Micenmacher avec Enzo Cor-
mann,
sur le Rôdeur », lu par son
auteur (le 5 octobre). « Il existe des
auteurs dramatiques de notre généra-
tion, commente Micenmacher. Ils écri-
vent, sont lus, joués. Enzo Cormann est
de ceux-là. Ses pièces renferment la
marque d'une écriture aigué et nerveuse
en phase avec l'époque.
Le 7, accolades musicales entre deux
compositeurs férus de tradition et d'im-
provisation : le Ture Okay Temiz (per-
cussions) et le Français Sylvain Kassap
(saxophones, clarinettes), qui s'est beau-
coup penché sur les suyastiques, le
.
aussi, grâce à la création du trompettiste
Michel Marre avec les Américains Mal
Waldron/Joe Lovano et le mythique
groupe marocain Nass el Ghiwane. Fi.
CO2-45Album
jusqu'au 16
dança » (WEA), sortie prévue fin septembre
0 Eterno Deus Mu
nale guitaristique, le 8, avec le gratin de
la gratte : Gérard Marais Sextet avec un
concerto pour contrebasse et cuivres
spécialement conçu pour l'occasion;
apothéose flamenco-rock, avec Paco de
Lucia, un précurseur fougueux du
genre
F.C.
Loc. 3 FNAC, Virgin Megastore, CAC
(60-06-20-180). (Rens: 60-05-64-87.)
MAIS OU JAMAIS?
Dans la chronique littéraire de
Claude Prévost parue mercredi, une er-
reur s'est glissée dans l'analyse duro
man de Bemard Fauconnier, « l'Etre et
le Géant
(chez Régine Deforges). Il
fallait lire, en effet : Son talon
d'Achille est peut-être encore la digres
sion, jamais banale... », et non mais
banale . Nos excuses à l'écrivain, et au
critique
LE COMPACT JAZZ de la semaine
The Door (Novus/BMG-RCA)
de Steve Lacy, maitre du saxophone
soprano, avec son septette habituel.
Un album qui témoigne, une fois de
plus, du grand art de Lacy, comme
compositeur et instrumentiste, même
si le chemin qu'il explore peut sem-
bler abrupt à certaines oreilles.
Ecoutons, réécoutons : la magie
prend corps. Un invité de marque à
la batterie: Sam Woodyard (compa
gnon d'Ellington), juste avant sa
mort. Emouvant. Lacy présentera
« Anthem » le 21 au New Moming
(45-23-51-41)
LE COMPACT BLACK de la semaine
* Wa Kele (Sono Disc) du Bem-
beya Jazz, orchestre légendaire de la
République populaire de Guinée.
Douze artistes pleins de pêche pour
une musique rieuse, nourrie du fol-
klore mandingue, accommodée à
une sauce modeme. Des cuivres
flamboyants, des voix délicieuse-
ment nasillardes et un rythme tou
jours entrainant
16SALON INTERNATIONAL DE LA
MUSIQUE. De nombreux concerts,
présentations de matériel aux perfor-
mances sans cesse améliorbes, de lo
giciels, d'ouvrages pédagogiques,
atelier SACEM, tables rondes...
jusqu'au 17 septembre, de 10 heures
à 19 heures, à la Grande Halle de La
Villette
► NUITS DE NACRE, à Tulle, festival
qui honore l'accordéon, avec des ar-
tistes de pays divers : le 20, Trio
Yddish (Israel), Ritmia (Italie): le
21, M. Azzola/L. Bossati: le 22,
G. Moustaki; le 23, A. Piazzolla; le
24, Jo Sony... Tél. : 55-26-89-60.
ESCOUDE STRING PLUS : la fine
fleur de la guitare alliée aux souf.
flets virtuoses de l'accordeoniste
M. Azzola. A 22 heures, jusqu'au 16,
au Méridien (40-68-34-34).
FLAM N'CO, premier véritable festi-
val de flamenco : Carmen Linares,
Enrique de Melchor, la Susi, Ma-
nuela Carrasco, el Teatro del arte
flamenco de Madrid, etc. Du 15 au
17 à l'Arsenal de Metz (87-74-16-16).
OLE ! El Teatro del arte flamenco,
de Madrid, après son succes au TLP
Dejazet en 1988, investit, du 19 sep-
tembre au 1er octobre, la Comédie
Caumartin (42-87-55-25).
TANGO ARGENTINO, de C. Segovia
et H. Orezzoli, de retour à Paris,
dans le cadre du Festival d'automne,
du 20 septembre au 31 décembre à
Mogador (48-78-75-00/15).
ANNUAIRE l'enseignement mu-
sical en Ile-de-France; annuaire des
médias, chroniqueurs musique et
danse, presse nationale et régionale,
presse spécialisée, radio, TV.
Ed. Musicora, 200 francs + frais
d'expédition 20 francs), à l'ordre de
ARIAM Ile-de-France, service Info,
9 rue La Bruyère, 75009 Paris
(42-85-45-28).
LAMBADA avec Mixto Quento, le
15 à 21 h 30 au New Moming
(45-23-51-41): le 16, m'balax sénéga-
lais, avec Thione Seck et l'orchestre
du Raam Dam. Ça va chauffer!