Pistolet à rouet, de François Poumerol, vers 1600 Vue générale

Les versions successives de l'Inventaire royal, de 1673 jusqu'à 1775, rapportent que cette arme portait sur la platine « une F et un P » qui ne sont plus apparents de nos jours. Il n'y a donc pas lieu de contester l'attribution de cette arme à François Poumerol, ce que confirme manifestement la seule approche esthétique. Il est également utile de mentionner que, selon le descriptif de l'Inventaire, le N° 222 (aujourd'hui non localisé) répète le même monogramme.
Le canon à huit pans sur toute sa longueur, légèrement évasé à la bouche, est orné à ses extrémités de deux importantes compositions associant des motifs géométriques et floraux ciselés, dorés, argentés, compris dans deux registres définis par des liserés obliques. La platine à grand ressort de type français s'allonge en pointe vers l'arrière ; son rouet est maintenu latéralement, trait d'archaïsme, par deux brides vissées ; le chien appuyé sur son ressort à double branche soutient la mâchoire inférieure mobile ; des entrelacs assez mal venus sont gravés en arrière du mécanisme, soulevant la question d'une intervention postérieure. La queue de platine est en fer uni, la queue de culasse reprend dans la même technique les décors du tube et le pontet de sous-garde s'élargit pour accueillir dans un ovale un motif floral ajouré et ciselé.
L'ornementation abondamment répandue sur la monture en bois noirci est d'une grande richesse : volutes géométriques incrustées en filigranes, plaquettes alternativement d'argent ou de vermeil ciselées de feuillages s'étendent sur l'ensemble du fût et de la crosse, en outre le pommeau aux contours ovoïdes décoré de bandes à nouveau alternativement d'argent et de vermeil reprend les mêmes rosaces et ornements. Si l'attribution à Poumerol est évidente pour des raisons stylistiques, on peut s'interroger sur la chronologie de ce pistolet dont la construction apparaît différer nettement des autres productions de l'arquebusier ; le lourd pommeau arrondi, à la manière allemande, la double bride du rouet, les lignes quelque peu alourdies, pourraient orienter sa réalisation vers la fin du XVIe siècle. Estimation chronologique qui n'apparaît pas en contradiction avec les éléments biographiques rapportés au sujet de l'arquebusier-poète.