Rome. 26 avril 1980 - Chez Carla.
C. - Là où je comprends que ma recherche n'a pas de fin, ce n'est pas
tant sur les contenus de ma vie ou sur ce que je fais, que sur la difficulté à
ce que soit reconnu ce que je fais. Parce que tu peux dire que je suis
reconnue pour pour autant que je bénéficie d'une certaine estime de ta part
ou de certaines personnes en privé, mais ce que j'ai fait est une chose
publique, et pas même un chien ne se contenterait de ces veines d'estime. Pour
ce que j'ai fait en public, il faut une mise au point publique. Pour le moment,
ceci n'advient pas et ne semble pas avoir pour perspective d'advenir jamais.
P - Ecoute, là il y a une grande contradiction qui t'appartient et qui est
la suivante: tu es contre le prosélitisme, tu es contre la publicité, tu es contre
l'activisme. Alors cela te porte à la situation dans laquelle tu te trouves, c'est
à dire que tu fais les choses, les gens achètent tes livres, mais aucun ne
dispose d'un instrument pour te parler, ou ceux qui en possèdent un n'ont pas
envie de travailler pour toi. Parce que toi, en dehors du fait que tu te
présentes avec des idées originales par rapport à d'autres groupes féministes,
et chacun veut être original avec les moyens qu'il a, en ce qui concerne la
divulgation, tu es castrée par toi même, c'est ton système qui génère cette
chose. Par conséquent, tu ne dois pas te plaindre.
C. - Et de fait, je ne me lamente pas, mais j'observe ce qui arrive.
P. - Personne ne reconnait gratuitement quelqu'un d'autre, tu comprends?
Chacun se la tient pour soi, la reconnaissance. Personne n'a envie, si on ne le
lui arrache pas de la bouche, si ça n'a pas d'intêret pour lui de le faire...ca
ne convient à personne d'avoir à reconnaitre un autre.
C. - La reconnaissance est exactement la chose qui convient. Donc le fait
qu'habituellement, on la fait passer pour un élément qui va à l'encontre de la
promotion de soi même est, selon moi, un des aspects de l'aliénation sur le plan
des rapports humains en vigueur dans la société et donc, dans la culture. Ce
qui me fait désespérer, qu'est-ce que c'est? C'est le fait que cette activité que
je mène je parle de moi, après il y a naturellement tout le féminisme, il y a
tout le besoin féminin derrière - est fondée en définitive sur le rapport
humain, sur la connaissance réciproque, véritablement sur
mythe culturel du protagoniste. Est fondée sur le désir de
chosent se déroulent toujours à travers un dialogue, que les vérités sont
toujours dans un dialogue. Ensuite, naturellement, il y a ce passage, dans
la démolition du
montrer que les
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