Armure pour le combat à pied en champ clos, Italie, vers 1510 Vue de profil

Parmi les plus illustres maîtres armuriers du XVIe siècle figure Niccolo Silva. Le prodige milanais signait ses oeuvres, à la fois fluides et à l'esthétique soignée, des lettres majuscules « NI » gravées au centre d'un compas couronné ouvert. Une marque présente à quatre reprises sur cette armure, au niveau de l'épaulière droite, du colletin et des deux cuissards. De nos jours ne subsistent que quatre harnois de sa production, un ensemble remarquable qu'abrite le département Ancien du musée de l'Armée.
Nous sommes ici face à un ensemble conçu à l'usage de la joute à pied. Un exercice d'entraînement pour les chevaliers qui se pratiquait dans un espace clos entre deux adversaires munis le plus souvent de masse d'armes ou d'épée. L'expression imagée de « carapace de métal » n'est pas surfaite pour définir une telle défense recouvrant l'ensemble du corps. Sa surface est entièrement décorée de taillades en creux réparties géométriquement et gravées de motifs floraux, destinées à recréer l'aspect d'un tissu de l'époque. La défense de tête est un gros armet percé de nombreux trous d'aération. L'abdomen, le bas du dos et les cuisses sont protégés par une véritable culotte faite de grosses lames articulées qui suit de près les lignes du corps. Une forte braguette de fer de forme triangulaire s'en détache, préfigurant la coquille chère à de nombreux sportifs contemporains.
L'armure est décorée sur toutes ses pièces principales d'un grand quadrillage, obtenu par la juxtaposition de fuseaux repoussés en creux gravés de rinceaux et fleurettes. Le registre supérieur du plastron présente deux scènes gravées : une Vierge à l'Enfant Jésus à droite et le martyr saint Laurent à gauche.