La Villa Cavrois

Manifeste architectural, la Villa Cavrois est l'œuvre emblématique de l'architecte Robert Mallet-Stevens, figure du courant moderniste. Située à quelques kilomètres de Lille, elle a été conçue et édifiée pour Paul Cavrois, industriel de la région, et sa famille.

La façade de 60 mètres de long fonctionne comme un rideau de scène de théâtre, dressé le long de la terrasse sur laquelle se réunissent les membres de la famille.

La distribution oppose deux ailes symétriques, celle des parents d'une part, et celle des enfants et des domestiques de l'autre. Les pièces de réception, au cœur du corps de logis, sont prolongées par les allées du parc et son miroir d'eau.

Mallet-Stevens a imaginé ce monument comme un véritable château moderne.

Un Château... : la demeure l'est par ses proportions imposantes (une façade de 60 m de long, près de 4000 m² de plancher) et par sa distribution en deux ailes symétriques, héritière de la tradition des résidences aristocratiques des XVIIème et XVIIIème siècles.

...moderne : la villa l'est par le dépouillement des volumes, l'absence d'ornement dans le décor, la multiplication des toits terrasses, l'équipement de pointe (chauffage central, téléphonie, réseau électrique d’horloges, monte-plat, ascenseur…) et le recours aux matériaux et aux techniques industriels (verre, métal, acier).

Partons à sa découverte !

Eblouir le visiteur ! Le vestibule est la première pièce visible par les invités des Cavrois.

Il ouvre sur des marches en marbre blanc de Carrare et contremarches en marbre noir de Belgique. Face à l’entrée, deux boîtes à lumière en acier et verre opalin dotées constituent un dispositif d’éclairage indirect original. Ce vestibule rappelle les décors de cinéma conçus par Mallet-Stevens au cours des années 1920.

L’immense hall-salon en double volume, est au cœur de l’agencement de pièces voulu par l’architecte et son commanditaire. Il ouvre sur la vaste terrasse sud et donne accès à la salle-à-manger. Une mezzanine le surplombe. Le coin feu, recouvert de marbre jaune de Sienne possède des banquettes intégrées. Les décors sont restitués selon leur état de 1932.

C’est ici que les Cavrois accueillaient leurs invités lorsqu’ils recevaient !

Imaginez-vous 50 m² de salle bain ? Un doux rêve !

Révélatrice de la modernité et du luxe de la maison, elle est constituée d’une partie recouverte de moquette et réservée aux soins de beauté, et d’une partie pour les ablutions (baignoire et douche avec jets d’eau latéraux) où domine le marbre blanc de Carrare.
Un pèse-personne est intégré dans le parement de marbre de la douche et un baromètre mural indique le temps qu’il fait. Des « Must-haves » à l’époque !

On accède directement à la chambre des parents depuis le couloir nord ou la salle de bain. Le décor se caractérise par un luxe raffiné et invite au repos.

Le boudoir fut spécialement pensé pour Lucie Cavrois. Il offre un bel exemple de décor moderniste appliqué à une pièce féminine.

La cuisine est, selon l’expression de Mallet-Stevens, un véritable « salon des arts ménagers en miniature ». Les murs et sols sont couverts de carreaux en céramique lavables et les meubles sont en acier émaillé. Le monte-plat dessert la terrasse d’été.

L’escalier à volée droite offre une vue splendide sur le jardin grâce à une grande baie courbe. Il rappelle le rôle des grands escaliers des châteaux de l’âge classique.

Le bureau de Paul Cavrois, avec son double éclairage indirect, son coffre-fort et ses boiseries en poirier naturel verni restituées à l’identique, donne accès au fumoir décoré d’acajou de Cuba.

La salle à manger des parents communique avec le hall-salon par une paroi coulissante. Une immense baie vitrée ouvre sur la terrasse sud.

Le sol et les murs de la salle à manger jusqu’à mi-hauteur sont couverts de marbre de Suède.

Astucieux : le miroir de la salle à manger agrandit l'espace tout en faisant entrer la nature dans la pièce. Ainsi, tous les convives, quelle que soit leur place autour de l’immense table centrale en poirier laqué noir, pouvaient apercevoir le parc.

Les sculpteurs Jan et Joël Martel avaient installé dans la salle à manger des enfants un relief coloré évoquant les jeux et loisirs. La table et les six chaises sont en bois de zingana.
La pièce possède un accès direct au parc.

Cet escalier en colimaçon permettait aux enfants d’accéder au parc sans passer par la salle à manger des parents.

La terrasse-pergola pouvait se transformer en salle à manger lors des beaux jours. Le déjeuner pouvait être servi directement grâce au monte-plats électrique. 32 poutres de béton font office de pare-soleil.

Le bassin de natation, long de 27 mètres, est doté de deux plongeoirs à l’effet résolument graphique et traités, comme toujours, dans un esprit moderne.

Après le décès de Madame Cavrois, en 1986, la propriété est vendue à un promoteur immobilier, qui souhaite lotir le parc. Abandonnée, la Villa est en proie au vandalisme et se dégrade rapidement, malgré son classement au titre des monuments historiques en 1990.

La Villa est acquise par l'État en 2001. Le gigantesque chantier de restauration géré par le Centre des monuments nationaux dura près de 12 ans.

Une inauguration festive

Le saviez-vous ? C’est à l’occasion du mariage de Geneviève Cavrois, fille ainée de la famille, que la Villa fut inaugurée le 7 juillet 1932.

Pour l’occasion, les Cavrois sortent le grand jeu. La fête est inoubliable.

Le clou du spectacle ? Des milliers de pétales de rose lancées sur les convives par avion !