Les premiers livres de photographie

L'invention de la photographie révolutionne le monde des images.

Histoire de la photographie Histoire de la photographieMusée Nicéphore Niépce

La diffusion des images photographiques dans des livres illustrés est une gageure technique. Les premières photographies sont particulièrement difficiles à reproduire. Si l'invention de Nicéphore Niépce porte en elle les germes de la multiplicité et de la diffusion, plusieurs décennies seront nécessaires pour maitriser les techniques d’impression permettant l’essor des livres photographiques.

La Sainte Famille / Le retour d'Egypte (1826/1827), Joseph Nicéphore NIÉPCE et Etienne-Jahandier DESROCHERSMusée Nicéphore Niépce

Reproduire des images

A partir de 1816, Nicéphore Niépce, l’inventeur de la photographie, engage ses travaux dans deux voies distinctes : les « points de vue » d’après nature et la reproduction de gravures (estampes) par l’action de la lumière.

Pionnier dans l’utilisation de la lithographie, Nicéphore Niépce se pose très rapidement la question de la reproductibilité des images par l’intermédiaire d’un support sensible à la lumière, la photogravure.

 

Portrait du Cardinal d'Amboise (1826), AnonymeMusée Nicéphore Niépce

Une de ses premières réussites est son essai abouti de reproduction d’une gravure représentant le Cardinal d’Amboise.

Portrait du Cardinal d'Amboise (1826), Joseph Nicéphore NIÉPCEMusée Nicéphore Niépce

Grâce à des substances sensibles à la lumière, il parvient à recréer une matrice d’impression sur une plaque d’étain, qui permettra de réaliser plusieurs tirages à partir d’une image existante.

Portrait du Cardinal d'Amboise (1827), François Auguste LEMAITREMusée Nicéphore Niépce

Nicéphore Niépce pose les bases de la photogravure en imprimerie.

Les Excursions daguerriennes GRECE / LES PROPYLEES A ATHENES. (1841), Noël-Marie-Paymal LereboursMusée Nicéphore Niépce

Les excursions daguerriennes

Les premières photographies, les daguerréotypes, sont uniques et sur métal. Elles réfléchissent la lumière ce qui les rend difficile à reproduire dans des ouvrages illustrés. Dès l'invention de ce procédé en 1839 se pose la question de reproduire ce nouveau type d'images pour les diffuser au plus grand nombre. Le défi est relevé par Noel-Marie Paymal-Lerebours avec les Excursions daguerriennes.

Les Excursions daguerriennes FRANCE / PORTAIL NOTRE DAME DE PARIS. (1841), Noël-Marie-Paymal LereboursMusée Nicéphore Niépce

Après avoir collaboré avec Nicéphore Niépce, Louis Jacques Mandé Daguerre poursuit ses travaux à la mort de ce dernier en 1833. Il aboutit au procédé dit du daguerréotype, «révélé» au monde par Daguerre et Arago en 1839.

Les Excursions daguerriennes EGYPTE / PYRAMIDE DE KEOPS. (1841), Noël-Marie-Paymal LereboursMusée Nicéphore Niépce

Le daguerréotype remporte un vrai succès commercial. C’est un positif direct. Cependant, il s’agit d’une photographie unique, très difficile à reproduire.

Les Excursions daguerriennes ESPAGNE / ALHAMBRA (1841), Noël-Marie-Paymal LereboursMusée Nicéphore Niépce

A l’automne 1839, Noel-Marie Paymal-Lerebours charge plusieurs daguerréotypistes de prendre des vues pittoresques des pays de l’est et du sud de la méditerranée et de quelques villes européennes, en vue de leur publication.

Les Excursions daguerriennes NUBIE / TEMPLE HYPTHERE DANS L'ILE DE PHILAE. (1841), Noël-Marie-Paymal LereboursMusée Nicéphore Niépce

La non-reproductibilité du daguerréotype rend difficile une diffusion imprimée de ces photographies. Les interventions d’un dessinateur qui va recopier la photographie en la réinterprétant puis d’un graveur sont nécessaires.

Les Excursions daguerriennes RUSSIE / VUE DU KREMLIN A MOSCOU. (1841), Noël-Marie-Paymal LereboursMusée Nicéphore Niépce

Sur les 1200 vues réalisées, 114 serviront à produire des lithographies d’après daguerréotypes, et seront éditées par Lerebours en deux séries entre 1840 et 1843 dans ses excursions daguerriennes.

The Pencil of Nature The Pencil of Nature (1844), William Henry Fox TALBOTMusée Nicéphore Niépce

The Pencil of Nature Le premier livre photographique (1844)

William Fox Talbot invente une autre procédé photographique, le calotype. Grâce au calotype, il peut produire des tirages en plusieurs exemplaires. Pour faire connaître son procédé, Talbot édite un ouvrage, The Pencil of Nature, où il colle directement les tirages dans le livre.

The Pencil of Nature The open door (1844), William Henry Fox TALBOTMusée Nicéphore Niépce

Niépce et Daguerre ne sont pas les seuls à reproduire le réel à partir de produits photosensibles. L’anglais Talbot met au point un tout autre procédé, basé sur les mêmes principes.

The Pencil of Nature The Pencil of Nature (1844), William Henry Fox TALBOTMusée Nicéphore Niépce

Plutôt que de réaliser des images uniques, positives, sur métal, Talbot invente en 1841 le calotype, une photographie négative sur papier.

The Pencil of Nature The Pencil of Nature (1844), William Henry Fox TALBOTMusée Nicéphore Niépce

Le calotype devient la matrice pour réaliser autant de tirages positifs que souhaités.

The Pencil of Nature The Pencil of Nature (1844), William Henry Fox TALBOTMusée Nicéphore Niépce

Pour faire connaitre son invention, Talbot publie un livre-manifeste, illustré de photographies positives collées, The Pencil of Nature.

The Pencil of Nature The Pencil of Nature (1844), William Henry Fox TALBOTMusée Nicéphore Niépce

Il explicite en six fascicules édités entre 1844 et 1846 la révolution apportée par la photographie dans les arts, les sciences, la diffusion des connaissances.

The Pencil of Nature The Pencil of Nature (1844), William Henry Fox TALBOTMusée Nicéphore Niépce

Avec cette publication, Talbot est le premier à associer le texte à l’image photographique sous forme de livre. Il est le premier également, à induire la notion d’acte de création, donc la notion d’auteur, dans le geste photographique.

Inscriptions antiques de Chalon-sur-Saône et de Mâcon (1856), Edouard LoydreauMusée Nicéphore Niépce

L'imprimerie photographique de Blanquart-Evrard

En 1851, Louis Désiré Blanquart-Evrard réussit à industrialiser, standardiser et améliorer le principe de Talbot, de manière à réaliser des livres illustrés par la photographie. Il est surnommé le « Gutenberg » de la photographie.

Statues, cathédrale de Chartres (1854), Charles MARVILLEMusée Nicéphore Niépce

En 1852, la publication de l’album « Egypte, Nubie, Palestine et Syrie », de Maxime du Camp, marque les débuts de l’édition photographique de luxe. De nombreux autres ouvrages seront publiés par Blanquart-Evrard tels le Keepsake Photographique (1851-1855) ou l'Album photographique d’archéologie religieuse d'Hippolyte Malègue en 1857.

Voyage d'exploration à la Mer Morte, à Pétra et sur la rive gauche du Jourdain par M. le Duc de LUYNES KARAK. / VUE INTERIEURE DE L'EXTREMITE SUD DE LA FORTERESSE (1871/1875), Eugène CICERI et M. MAUSSMusée Nicéphore Niépce

Les recherches de procédés
photomécaniques

L'exemple du Voyage d’exploration à la Mer Morte à Petra et sur la rive gauche du Jourdan, par le Duc de Luynes.

Voyage d'exploration à la Mer Morte, à Pétra et sur la rive gauche du Jourdain par M. le Duc de LUYNES Voyage d'exploration à la Mer Morte, à Pétra et sur la rive gauche du Jourdain par M. le Duc de LUYNES (1871/1875), Duc de LUYNES et Louis VIGNEMusée Nicéphore Niépce

Les années 1850-1860 voient la recherche de procédés de reproduction photomécanique se poursuivre intensément.
Amateur d’art éclairé, le duc de Luynes est un passionné d’archéologie et de chimie, et photographe lui-même.

Voyage d'exploration à la Mer Morte, à Pétra et sur la rive gauche du Jourdain par M. le Duc de LUYNES REDUCTION DES CARTES / DU / COURS INFERIEUR DU JOURDAIN / DE LA MER MORTE, DU WADY ARABAH / ET DU WADY EL JEIB (1871/1875), ERHARD et LEMERCIERMusée Nicéphore Niépce

Le Duc de Luynes met volontiers son immense fortune au service des arts des sciences. Il lance en 1856 un concours « pour stimuler le zèle des personnes qui se livrent à ces importantes recherches ».

Voyage d'exploration à la Mer Morte, à Pétra et sur la rive gauche du Jourdain par M. le Duc de LUYNES JERUSALEM / LE SAINT SEPULCRE (1871/1875), Duc de LUYNES et Charles NEGREMusée Nicéphore Niépce

Une somme de 8 000 francs sera allouée à l’auteur du meilleur procédé de reproduction photomécanique.

Voyage d'exploration à la Mer Morte, à Pétra et sur la rive gauche du Jourdain par M. le Duc de LUYNES AIN-JIDY / POMMIER OU LIMON DE SODOME (1871/1875), Duc de LUYNES et Charles NEGREMusée Nicéphore Niépce

Une somme de 2 000 francs à celui qui aura fait accomplir le plus de progrès aux tirages photographiques argentiques, ou à leur conservation.

Voyage d'exploration à la Mer Morte, à Pétra et sur la rive gauche du Jourdain par M. le Duc de LUYNES DJEBEL - MOUSA / SANCTUAIRE RUINE SITUE AU SOMMET (1871/1875), Duc de LUYNES et Charles NEGREMusée Nicéphore Niépce

Le jury mettra 10 ans à se décider pour récompenser en 1867 une technique approuvée dès 1855 (le procédé de photolithographie de Poitevin).

Voyage au Soudan Oriental Voyage au Soudan Oriental (1847/1853), Pierre TrémauxMusée Nicéphore Niépce

Pierre Trémaux et le Voyage au Soudan

autoportraitMusée Nicéphore Niépce

Pierre Trémaux (1818-1895) fut architecte, orientaliste, scientifique et photographe. Second prix de Rome en architecture en 1845, il réalise plusieurs voyages, en 1847-1848 puis en 1853-1854 explorant plusieurs pays du nord de l’Afrique.

Voyages au Soudan Oriental et dans l'Afrique Septentrionale Voyages au Soudan Oriental et dans l'Afrique Septentrionale (1847/1854), Pierre TrémauxMusée Nicéphore Niépce

Durant ses voyages, Trémaux mène des campagnes photographiques qui donnent notamment lieu à la publication de Voyage au Soudan Oriental, ouvrage accompagné d’un Atlas.

Voyages au Soudan Oriental et dans l'Afrique Septentrionale Vue pittoresque à Tunis (1847/1854), Pierre TrémauxMusée Nicéphore Niépce

Dans cet atlas, Trémaux publie de nombreuses cartes et surtout des lithographies réalisées d’après photographies.

Voyages au Soudan Oriental et dans l'Afrique Septentrionale Fille du Dar-Four (1847/1854), Pierre TrémauxMusée Nicéphore Niépce

Plusieurs doubles pages de l’atlas présentent les tirages sur papier salé originaux en regard des gravures réalisées d’après eux. La publication s’étale de 1852 à 1868.

Cet ouvrage cristallise l’apparition de la photographie dans le livre, sous toutes ses formes: il réunit à la fois des lithographies d’interprétations, des tirages collés originaux et des photolithographies.

Voyage au Soudan Oriental (1847/1853), Pierre TrémauxMusée Nicéphore Niépce

L’autre aspect remarquable de ce travail, c’est l’approche ethnologique et l’intérêt précoce pour les populations du pays traversé.

Voyage au Soudan Oriental (1847/1853), Pierre TrémauxMusée Nicéphore Niépce

L’ambition du projet original ne sera jamais atteinte (355 photographies en 3 séries). Trémaux commence par livrer des tirages sur papiers albuminés, et des lithographies traditionnelles.

Voyage au Soudan Oriental (1847/1853), Pierre TrémauxMusée Nicéphore Niépce

La piètre qualité des tirages et leur instabilité dans le temps l’oblige à les remplacer par des photolithographies, qu’il renvoie aux souscripteurs.

Voyage au Soudan Oriental (1847/1853), Pierre TrémauxMusée Nicéphore Niépce

Quelques-unes des photolithographies ont été réinterprétées (notamment par des ajouts de personnages).

Art et Médecine / A Paris (1931-10), André KerteszMusée Nicéphore Niépce

L'inflation photographique

Les épreuves originales continuent d’être collées à la main dans les ouvrages, souvent publiés en fascicules, jusqu’à la mise au point de la similigravure vers 1880, puis de l’héliogravure rotative en 1904.

Ces procédés permettent d’imprimer en même temps les images et le texte.

Le Miroir n°109 Le Miroir n°109 (1915-12-26)Musée Nicéphore Niépce

La photographie va s’appliquer à toutes les activités : littéraires, artistiques, scientifiques, ethnologiques, judiciaires, sociales, militaires, politiques, industrielles, commerciales… et devient alors l’outil idéal pour la propagation des idées et des modes de vie.

Comoedia Illustré n° 12 Comoedia Illustré n° 12 (1913-03-20)Musée Nicéphore Niépce

La maitrise de ces nouveaux prend du temps et c’est au milieu des années 1920 que la presse s’empare véritablement de ces nouvelles techniques.

VU n°104 VU n°104 (1930-03-12)Musée Nicéphore Niépce

Lancé par Lucien Vogel en 1928, le magazine VU révolutionne la manière de présenter et diffuser la photographie au plus grand nombre.

VU n°104 VU n°104 (1930-03-12)Musée Nicéphore Niépce

L'héliogravure autorise à mêler photographies et textes de manière plus fluide et dynamique, au bon vouloir du directeur artistique.

VU n°445 VU n°445 (1936-09-23)Musée Nicéphore Niépce

La complémentarité texte image prend tout son sens et la photographie n’est plus là seulement pour illustrer.

VU n°445 VU n°445 (1936-09-23)Musée Nicéphore Niépce

C’est dans VU que s’invente le photoreportage: les photographes se voient confier la couverture de certains sujets afin de répondre aux besoins éditoriaux. Le texte viendra compléter ou infléchir le point de vue développé par les photographes.

Art et Médecine (1939-03), Roger SchallMusée Nicéphore Niépce

Les facilités nouvelles de mise en page assureront un confort de lecture plus moderne.

Crédits : histoire

Michel Frizot, Cédric de Veigy

Crédits : tous les supports
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