Tour à guillocher du comte d'Artois installé en 1773 dans un cabinet de son appartement de l'aile du Midi à Versailles (1773), Antoine WolffChâteau de Versailles
La mécanique
La mécanique est une science pratique qui imite les effets de la nature. Sortant du mépris où ils étaient relégués, les arts mécaniques redeviennent à la mode à Versailles au XVIIIème siècle. Diderot et d’Alembert leur consacrent pas moins de dix volumes de L’Encyclopédie sous forme de planches et d’articles. Ainsi, comme le précise d’Alembert dans le Discours préliminaire: « On s’est donné la peine d’aller dans leurs ateliers, de les questionner, d’écrire sous leur dictée, de développer leur pensée, d’en tirer les termes propres à leur profession. » Louis XVI est incontestablement le souverain le plus passionné par les arts mécaniques. À Versailles, la mécanique acquiert ses lettres de noblesse.
Tour à guillocher
Pratiqué par les princes dans toute l’Europe depuis la Renaissance, l’art du tour est un passe-temps très apprécié de Louis XV comme de Louis XVI.
Ce tour à guillocher avait été exécuté en 1773 par Antoine Wolff pour le comte d’Artois, frère du roi et futur Charles X (1757-1836). En 1781, ce tour est présenté provisoirement dans le grand cabinet du Dauphin puis exposé ensuite dans le cabinet de la forge de Louis XVI, atelier de mécanique des appartements privés du Roi.
Œuf d'autruche (1767/1774), Jean-Étienne Lebel l'Aîné (peintre) et Adélaïde de France (tourneur)Château de Versailles
Œuf d'autruche
Cet objet est un œuf de Pâques monté sur un pied tourné par Madame Adélaïde, fille de Louis XV.
Vilebrequin ayant probablement appartenu à Louis XVI (1776/1800)Château de Versailles
Vilebrequin et étau
Ce vilebrequin et cet étau se trouvent dans l’atelier de serrurerie de Louis XVI à Versailles, au quatrième étage de la cour des Cerfs. Le vilebrequin est vraisemblablement forgé, tourné et poli par le roi lui-même.
Escalier en hémicycle au château de Versaillles (2015), AnonymeChâteau de Versailles
La mécanique dans les cabinets du roi
Les cabinets du premier étage constituant l’Appartement intérieur du roi témoignent parfaitement de l’intérêt que Louis XV porte aux arts mécaniques à travers l’horlogerie, la serrurerie et le travail au tour.
Les cabinets scientifiques du roi se déploient sur quatre étages autour de la cour des Cerfs, au sud de l’escalier en hémicycle : on compte la forge du roi que précède l’atelier de serrurerie et, en pendant, au nord, le cabinet de menuiserie.
Louise Françoise de Bourbon, princesse de Condé (1701/1800), Anonyme France XVIIIe siècle (peintre), d'après Gobert, Pierre (peintre) et parfois dit d'après Silvestre (de), Louis (peintre)Château de Versailles
La chaise volante
L’invention de cette mécanique est attribuée à Jean-Jacques Renouard, comte de Villayer (1605-1691). Il met au point ce système à Paris et, fort de ses liens avec la maison de Condé, en installe à Chantilly et à Versailles, dans l’hôtel même du prince.
Saint-Simon s’étend sur l’invention de ces chaises volantes, « qui par des contrepoids montent et descendent seules entre deux murs à l’étage qu’on veut en s’asseyant dedans par le seul poids du corps et d’arrêtant où l’on veut ». Le mémorialiste mentionne également l’aventure amusante de la duchesse de Bourbon qui resta enfermée près de trois heures entre deux étages de son hôtel de Versailles, avant que l’on ne vînt la délivrer en démolissant les murs.
Marie-Anne de Nesle, marquise de La Tournelle, duchesse de Châteauroux (1717-1744) (1740), Jean-Marc NattierChâteau de Versailles
Au château, la seule chaise volante connue est celle que Louis XV fait installer en 1743 pour sa maîtresse la duchesse de Châteauroux, dans le côté nord de la Petite cour du roi, afin de permettre à celle-ci de gagner plus commodément son appartement du troisième étage. Mise au point par Blaise-Henri Arnoult, le talentueux machiniste, elle est utilisée par Madame de Pompadour entre 1745 et 1750 et reste en service jusqu’en 1754. Démontée, elle est alors transportée à Fontainebleau pour permettre à la marquise de gagner sa loge du théâtre de l’aile de la Belle Cheminée.
La joueuse de Tympanon (1780), Peter Kinzing (horloger), David Roentgen (ébéniste de la Reine)Château de Versailles
Les androïdes
La joueuse de tympanon illustre de façon spectaculaire la recherche et l’intérêt du XVIIIème siècle, grand siècle de l’automatisme, dont le désir profond était d’arriver à créer un homme artificiel par des restitutions mécaniques d’anatomies mouvantes : ces androïdes sont les témoins de la fascination qu’exercent ces créatures animées, et de l’inventivité des mécaniciens virtuoses dans l’art de reproduire les mouvements humains et les fonctions vitales.
La joueuse de Tympanon est réalisée par les Allemands Pierre Kintzing (1745-1816), horloger pour le mécanisme et l’ébéniste David Roentgen (1743-1807), pour le meuble ; la robe date du XIXème siècle. Les automates circulent et attirent alors beaucoup la curiosité. La Tympanon aurait été envoyée à la cour de France par Roentgen et achetée en 1784 par Marie-Antoinette. Consciente de son intérêt scientifique et de sa perfection, la reine la fait déposer au cabinet de l’Académie des sciences en 1785.
L'androïde de Marie-Antoinette (2010), Château de VersaillesChâteau de Versailles
Catherine Pégard, Présidente du Château de Versailles
Laurent Salomé, Directeur du musée
Thierry Gausseron, Administrateur général
Hélène Delalex, conservateur du patrimoine et commissaire de l'exposition en ligne
Géraldine Bidault, responsable de la photothèque et de la numérisation des collections, commissaire de l'exposition en ligne
Ariane de Lestrange, Directrice de l'Information et de la Communication
Paul Chaine, Chef de service développement numérique
Gaëlle Bertho, coordinatrice de l'exposition en ligne