Mobilisé le 31 octobre 1914 dans la réserve de l'armée territoriale en raison de son âge et de son état de santé, Maurice Denis est affecté dans l'Eure, comme garde des voies de communication. En janvier 1915, il entreprend des démarches pour devenir peintre aux armées mais en vain. Il est rendu à la vie civile en avril 1915. Il obtient enfin, en 1917, une mission sur le front, octroyée par le sous-secrétariat d'État des Beaux-Arts, qui constitue pour lui l'occasion de se confronter aux évènements. Il relate dans son journal son arrivée à Benay, près de Saint-Quentin, le 16 octobre : « On voit de là, très bien, la cathédrale de Saint-Quentin, encore belle de lignes et, tout au sud, celle de Laon, sur une croupe bleue. Les Boches se fâchent. Des obus éclatent très près de nous, successivement en allongeant le tir. Miaulement, sifflement, entre les deux tonnerres du départ et de l'arrivée. Près de nous, un petit cimetière militaire, bien entretenu, avec ses cocardes tricolores et ses couronnes. »
L'artiste représente le cimetière au crépuscule. Il montre au premier plan les ruines d'un édifice, à côté, les sépultures individuelles du cimetière avec une statue du Christ sur la croix. Le cimetière est masqué par un filet de camouflage. Au loin, trois explosions rappellent que la scène se passe sur un champ de bataille. La palette utilisée par l'artiste confère à l'oeuvre une atmosphère d'apaisement de douceur malgré le sujet traité.