Pour protéger Cherbourg, port stratégique situé face à l’Angleterre, les projets se succèdent depuis le XVIe siècle. En 1781, Louis Alexandre de Cessart, ingénieur des Ponts et Chaussées réputé dans le domaine des travaux maritimes, propose de construire une digue discontinue composée de quatre-vingt-dix îlots coniques de 48 mètres de diamètre à la base, hauts de 20 mètres environ, reliés entre eux par de lourdes chaînes. Des caissons en charpente, construits à terre puis convoyés et immergés in situ, servent de coffrages perdus pour l’enrochement et la maçonnerie. Un premier essai, à échelle réduite, s’avère concluant, et le 22 juin 1786, Louis XVI vient assister à l’immersion du neuvième cône. Mais la fragilité des structures et les difficultés qui en découlent ont raison de cette coûteuse entreprise. Lorsque survient la Révolution française, seuls dix-huit caissons ont été installés. Le projet est abandonné au profit d’une digue traditionnelle, achevée en 1853. Ce modèle pourrait provenir des collections royales saisies à la Révolution.