Le canon de très fort calibre (0,037 m.) à l'usage vraisemblable de canardière offre une âme lisse et développe extérieurement un aplat central où se fixe la visée tubulaire. L'ensemble est bleui, à la bouche et au tonnerre s'étalent deux compositions accueillant des arabesques damasquinées et dorées.
La platine, le pontet de sous-garde et la plaque de couche sont gravés à l'acide d'un fin décor végétal exempt aujourd'hui de toute dorure, dans le dessein vraisemblable de créer un contraste chromatique avec les autres éléments métalliques de l'arme. La monture, en bois de poirier rouge, voit ses contours soulignés de minces filigranes de laiton doré. La crosse qui s'allonge en volute est évidée d'une large ouverture triangulaire destinée à retenir « le crapaud de plomb » ou contrepoids aujourd'hui disparu ; sur les joues de la crosse, des feuillages dorés s'enlèvent en réserve de la couche vermillon. La signature « M LE BOURGEOYS » gravée sur la plaque de couche a échappé à l'attention du rédacteur de l'Inventaire de la Couronne.
Il est certain que la construction de la platine diffère notamment des mécanismes de mise à feu équipant les deux autres fusils des Le Bourgeois reconnus comme les plus anciens silex français.
La course du chien n'est pas entravée par une butée d'arrêt, mais simplement freinée, à sa rencontre avec le bord supérieur, par l'ergot ménagé à l'intérieur de sa hampe. La pièce du chien, elle-même, peut-être anciennement trop fourbie, soulève interrogation ; mais son éventuel remplacement dans le passé n'interférait pas sur le système de mise à feu. Le ressort de la batterie placé horizontalement sous le bassinet est d'un montage original. L'ensemble du décor gravé sur le mécanisme « en taille d'espargne » est complémentaire de celui de la plaque de couche.