Refusant de signer le manifeste en faveur de Romain Rolland mais également la déclaration pour la Défense nationale de Jean Grave, Luce s'affirme comme patriote et antimilitariste. Ses dessins pour « La Bataille syndicaliste » livrent à la vindicte Guillaume II plutôt que le peuple allemand présenté comme une victime. À défaut de missions sur le front, où son fils est mobilisé, Luce revisite les gares de Paris et les expose à la galerie Bernheim. La gare, antichambre du front, dépouille de tout héroïsme mais non de grandeur les combattants éreintés, tels des ouvriers. En 1917, le critique Louis Vauxcelles oppose Detaille, peintre de l'armée, et ses successeurs, tels que Scott, à Luce, peintre du travail et des gares en guerre, vibrant « dans cette atmosphère où la haine et la pitié, la vie magnifique et la sordide mort sont solennellement présentes. Rien ne lui a échappé, pas un jeu de lumière, pas un rictus, pas une attitude de mère, d'épouse, d'enfant ou de soldat. Il a su se garder, en ces oeuvres, du mélodrame autant que de l"épopée. »