Aux XVIe et XVIIe siècles, la production armurière d"Europe centrale est fortement imprégnée d'influences orientales. Ainsi en est-il de notre tchitchak, défense de tête typique de l'équipement militaire russe qui apparaît dès le XIVe siècle et se caractérise par sa forme conique. Le spécimen présenté date du règne d'Alexis Michaelowitz (1645-1676), tsar de Moscovie et père de Pierre Le Grand (1672-1725). Il aurait appartenu à un voïvode, commandant en chef d'une région militaire dont l'appellation dérive du slavon voï (armée) et voda (qui conduit).
Façonné à partir d'une plaque de fer à laquelle ont été ajoutés des éléments décoratifs en argent et en laiton, le timbre du casque s'élève à la manière d'une pyramide à huit arêtes. Les autres éléments constitutifs de la défense de tête sont la visière, les oreillères et le nasal. Au-dessus de la visière est fixé un grand porte-plume qui permettait à coup sûr d'identifier son propriétaire.
Utilisées comme décors, les plaques d'argent sont rivetées à l'aide de pièces en laiton dorées et profondément ciselées au burin dans le plus pur style persan. On y décèle de superbes fresques végétales avec des rinceaux qui s'entrecroisent et grimpent jusqu'au sommet du timbre terminé par un bouton arrondi.
Autant d'éléments qui rappellent d'autres pièces du musée de l'Armée, directement originaire du monde ottoman ou simplement réalisées dans le goût oriental comme le casque inventorié 629 I sorti des ateliers d'Augsbourg (Bavière) en 1555.