Tout au long des années 1990, Hatoum a de plus en plus fait appel à des structures et à des formes sobres pour exprimer l'isolement et la réclusion. Plusieurs des œuvres de cette période font allusion à l'espace ambivalent de la sphère domestique, ou plus concrètement à la notion de « foyer », qui parfois transmet l'idée de « patrie ». L'historien Tamar Garb fait ce commentaire au sujet de l'œuvre de Hatoum : « Loin de constituer un refuge face au monde de la pression politique ou sociale, le ‘foyer' est le lieu du mal-être, un espace de terreur et un piège psychique sans échappatoire ». L'installation Foyer (Home, 1999), appartenant à la Collection du Musée Guggenheim Bilbao, évoque précisément ce désarroi. Foyer, qui se présente sous la forme d'une cuisine, cœur émotionnel de tout univers domestique, consiste en une longue table couverte de divers objets métalliques illuminés, habituellement utilisés en cuisine (un entonnoir, une râpe, des ciseaux, une passoire, un moule à tarte) et reliés entre eux par des câbles électrifiés. Un logiciel contrôle la fréquence et l'intensité de l'éclairage, alors que le son crépitant de l'électricité est amplifié par des haut-parleurs. La sculpture est installée derrière une barrière de fils horizontaux en acier, séparant le spectateur du courant potentiellement létal. Cette installation, typique de l'art de Hatoum, crée un espace ambivalent qui évoque l'intimité et la violence de la nostalgie frustrée.
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