À partir de 1968, les livres de Kiefer deviennent l'un de ses principaux moyens d'expression. Contrairement aux livres de beaucoup d'artistes, qui sont produits en série, ceux de Kiefer sont des pièces singulières, artisanales et, en ce sens, plus assimilables à des peintures ou à des sculptures. Bataille d'images (Bilderstreit, 1980) fait partie d'une série de peintures et de livres portant le même titre, réalisée entre 1977 et 1980, qui fait référence à la querelle qui opposa, dans l'Empire Byzantin, aux VIIIe et IXe siècles, les iconoclastes, qui condamnaient le culte des images religieuses, et les iconodoules, partisans de ce culte. Dans le livre de la Collection du Musée Guggenheim Bilbao, Kiefer nomme plusieurs empereurs, papes et patriarches impliqués dans le conflit. Chaque nom s'accompagne d'un signe « + » ou « - », le premier identifiant les personnages qui adoptèrent la posture iconodoule et le second, la posture iconoclaste. Il cite aussi certaines figures qui eurent une position ambiguë, comme Léon V, que Kiefer représente avec les deux signes. À la cinquième page du livre, Kiefer mentionne aussi ce qu'on pourrait considérer comme les événements culminants de la querelle : le Synode de Hiereia (le conseil iconoclaste de 747) et le Conseil de Nicée II (le conseil iconodoule de 787). Kiefer illustre cette bataille idéologique en utilisant des images de tanks faisant feu sur des objets traditionnels du studio du peintre. Mark Rosenthal a suggéré que la manière utilisée par Kiefer pour ressusciter cette dispute sur les icônes peut être assimilée au débat contemporain sur l'utilisation de la photographie comme support artistique.
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