A l’occasion de l’achèvement du nouvel hôtel de la ville de Louvain, il fut décidé que la salle de réunion du collège échevinal serait ornée de peintures édifiantes, comme c’était l’usage dans d’autres villes, et conformément aux prescriptions de certains codes législatifs. Cette prestigieuse commande fut confiée à Dirk Bouts le 20 mai 1468. Le théologien augustinien Jan van Haeght, chargé de trouver un thème adéquat, choisit la légende de la justice de l’empereur Otton III. Suivant cette légende, Otton III fit décapiter un comte, faussement accusé de tentative de séduction par l’impératrice, après qu’elle eut elle-même tenté en vain de conquérir celui-ci. Avant l’exécution, la comtesse promit à son époux de prouver son innocence en subissant l’épreuve du feu. C’est ainsi qu’après la décollation, elle démontra que l’accusation était fausse en tenant en main, sans se brûler, une barre de fer incandescente. Convaincu par ce jugement de Dieu, Otton III condamna sa propre épouse au bûcher. En allant jusqu’à la sacrifier, il se comporta en juge intègre. Cet exemple était destiné à rappeler aux autorités de Louvain leur devoir de jugement équitable, sans considération de personnes, conformément au serment prêté lors de leur entrée en fonction. La mise en scène rend compte du caractère public de la procédure, de la présence de témoins et du soutien spirituel du clergé. Le comte, la tête et les pieds nus, porte la chemise des condamnés, comme le pénitent du XVe siècle dont les vêtements étaient ôtés pour marquer la perte de ses droits. L’épreuve du feu est conçue comme une audience publique à la cour de Charles le Téméraire. L’actualisation de la scène est renforcée par les vêtements bourguignons de l’époque, l’évocation de vues de la ville de Louvain et la présence probable de portraits de contemporains. Le projet initial qui comprenait un cycle de quatre panneaux ne put être achevé à cause de la mort de Dirk Bouts en 1475. Un panneau seulement (L’épreuve du feu) était complètement achevé, tandis que l’autre était jugé presque terminé ("by nae volmaect"). Comme la légende figure au complet sur ces deux panneaux, une autre histoire au moins devait être prévue pour le reste du cycle. Un ensemble similaire a été réalisé vers 1440 par Rogier van der Weyden pour la salle du conseil de l’hôtel de ville de Bruxelles. Il se composait de quatre panneaux représentant la justice exemplaire de Trajan et de Herkenbald.
Texte: Cyriel Stroo, Musée d’Art ancien. Oeuvres choisies, Bruxelles, 2001, p. 28 © Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles
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