L'intérêt qu'Eugène Boudin (1824-1898) porte au thème de la vache n'apparaît que tardivement dans son œuvre. C'est lors d'un séjour en 1881 dans la vallée de la Touques (un petit cours d'eau qui se jette dans la mer entre Trouville et Deauville) que l'artiste peint et dessine une importante série consacrée à ce sujet. La représentation des bovins varie en fonction des formats et des supports choisis (toile, bois, carton). Ce thème d'étude, qui révèle une part peu connue de l'œuvre du peintre, témoigne de sa confrontation quotidienne avec le cœur du motif.Bien que ces nombreuses études de bovins aient été exécutées dans les prés des bords de la Touques, rares sont les panneaux où l'animal apparaît dans un environnement précis. Les vaches sont montrées en train de paître ou couchées, isolées ou groupées, parfois évoquées de manière réaliste, le plus souvent à peine esquissées sur un fond de campagne. Réduites à de simples taches de couleurs ainsi que le ciel et la prairie, elles se confondent au sein d'un même ensemble.Boudin n'est pas un peintre animalier et la vache n'est pas le sujet principal de ses peintures. Qu'importent les postures et le mouvement des bêtes, elles sont la quintessence de la prairie normande. L'artiste traite l'animal en quelques coups de pinceau pour se concentrer, comme à son habitude, sur les variations des couleurs et de la lumière. Dans cette vallée riche en motifs de l'arrière-pays de Honfleur, Boudin fera entre 1888 et 1891 une autre série importante, consacrée cette fois aux lavandières.