A propos des marionnettes à gaine
A Taïwan, le théâtre de marionnettes à gaine est appelé "Théâtre de poche de toile". Plusieurs hypothèses ont été émises sur l'origine de cette dénomination. L'une d'elle serait que les premiers marionnettistes portaient l'intégralité de leur théâtre, marionnettes, accessoires et décors dans un grand sac de toile lors de leurs déplacements. Selon une autre version, cette origine serait métonymique, les marionnettes elles-mêmes étant constituées d'une poche de toile surmontée d'une tête. Une troisième hypothèse, enfin, y voit une référence au drap que le marionnettiste tendait jadis autour de lui pour se dérober aux regards du public. Quoiqu'il en soit réellement, ces trois hypothèses ont le mérite de nous éclairer sur le passé du théâtre de marionnettes à gaine.
A l'origine, le spectacle était une offrande aux dieux, raison pour laquelle il se déroulait le plus souvent sur le parvis d'un temple. Chaque spectacle était précédé d'un "prélude des dieux" mettant en scène une ou plusieurs divinités. Ce n'est qu'après que les divinités avaient chassé les mauvais esprits et apporté leur caution au spectacle que celui-ci pouvait commencer. L'histoire mise en scène évoquait soit un épisode de la vie des divinités du temple, soit un épisode tiré d'un grand roman historique. En des temps où l'éducation était encore un privilège réservé à l'élite de la société, le théâtre de marionnettes jouait un rôle pédagogique indéniable en diffusant un savoir historique, aussi sommaire soit-il et en prônant des valeurs "positives" telles que la loyauté, la bonté et le respect des aînés.
Le maniement des marionnettes est délicat et requiert une grande dextérité. Les dialogues en taïwanais constituent une mémoire vivante des modes de pensée, proverbes, dictons et expressions populaires propres à ce dialecte. La musique d'accompagnement est du style Beiguan, dont l'instrumentarium de base est constitué de percussions et d'un hautbois particulier appelé suona.
Plébiscitée par le public taïwanais, la troupe de marionnettes à gaine Liao Wen-Ho s'est produite dans toute l'île de Formose sur l'invitation du Conseil National des Affaires Culturelles, des centres ou services culturels de différentes municipalités, ainsi que de la Maison de l'éducation populaire. Ses spectacles mobilisent à chaque fois un nombre impressionnant de spectateurs, rappelant le succès remporté par les marionnettes à gaine pendant l'âge d'or des années 1950-70.
Liao Wen-Ho, fondateur et directeur de la troupe, produit au moins une nouvelle création par an et prête une attention particulière à la qualité artistique de ses spectacles. Ses efforts ont été récompensés par le prix international de la Transmission du patrimoine culturel et artistique en 1999, le prix du développement culturel du Conseil National des Affaires Culturelles en 2000 et le prix de la Culture de la ville de Yunlin en 2003. Il a également rçu un prix pour la qualité de ses actions en 2000.
En 2000, la troupe de marionnettes à gaine Liao Wen-Ho a représenté Taïwan au Festival international de marionnettes de Séoul en Corée du Sud. Son spectacle fut l'un des plus applaudis par le public, qui se pressat autour de Liao Wen-Ho après chaque représentation pour obtenir des autographes. A la suite de ce succès retentissant en Corée du Sud, la troupe a enchaîné des tournées aux Etats-Unis, au Canada et à Macao, soulevant une vague d'enthousiasme à chaque passage.
Par sa virtuosité et son souci du détail, Liao Wen-Ho a conquis un large public allant de 7 à 77 ans. Il est en effet, capable d'imiter à lui seul la voix d'une vingtaine de personnages, tout en maîtrisant à la perfection le maniement des marionnettes. Inventif, il a créé le décor le plus long et la marionnette la plus grande de Taïwan, afin d'offrir une meilleure vue aux spectateurs éloignés de la scène, attention très appréciable quand on sait que les spectacles de plein air attirent souvent des milliers de spectateurs.
Le programme.
I. Le singe Sun Wu-Kong et la Grotte de Feu - un épisode du roman Voyage vers l'Occident.
II. Le Héros vaillant