En 1607, Monsieur de la Loubère, envoyé du roi de France, rend visite, pour la première fois, au roi du Siam. La cour du Siam organise de grandes fêtes à cette occasion et donne une représentation de trois catégories de marionnettes; celles qui vont être découvertes aujourd'hui:
-Les "Hun Luan" ou grandes marionnettes royales
-Les "Hun Lek" ou petites marionnettes
-Les "Hun Krabok" ou marionnettes de bambou.
I. Description des marionnettes et de leur répertoire particulier.
1. Les Hun Luang ou grandes marionnettes royales
Mesurant un mètre de hauteur (du bout de la coiffure à la plante des pieds) ces marionnettes à fils possèdent un visage sculpté dans un bois léger et évidé de l'intérieur. Par la suite, le bois est peint de couleurs délicates. Les hommes et les femmes arborent de hautes coiffures, décorées, dorées et pointues, typiques du théâtre Khon de Thaïlande.
Les démons et les singes portent des masques miniatures du théâtre Khon. La tête et le cou de ces derniers sont interchangeables et peuvent être ajustés sur le corps de marionnettes différentes, avant le jeu.
Le corps de la marionnette, fait d'une pièce de bois creux, présente des cavités d'articulation pour les bras et les jambes. Les fils sont fixés au bout des doigts et des pieds et passent par l'avant-bras et le mollet pour se rassembler dans un anneau aux reins de la marionnette. Les fils se dirigent aussi vers le cou. Des tiges s'ajoutent parfois pour perfectionner le contrôle de la tête. Tous les fils et les tiges annexes sont enveloppés dans une étoffe. Les marionnettes dansent et portent les costumes de soie, d'or et de paillettes du théâtre Khon.
Le répertoire se base sur les chroniques historiques: le Chaiyachet, le Sang Thong, le Sang Sin Chai ainsi que sur certains épisodes du Ramayana.
Les personnages présentés ici sont un prince, une princesse et un ogre. Ils exécutent une danse pour montrer la technique de manipulation.
2. Les Hun Lek ou petites marionnettes.
Avant le règne de Rama V, le public contemplait, avec le même intérêt patient, les danses hiératiques et les longs drames des acteurs et des marionnettes royales; En 1876, le roi remet à l'honneur un style de marionnettes (un peu oublié), plus petites et plus aisément manoeuvrables. Ces marionnettes étaient exclusivement présentées autrefois au Pavillon Royal pour la cérémonie de l'Elephant Blanc. Aussitôt, le public de la cour et de la ville s'enthousiasme de nouveau pour l'allure plus vive des Hun Lek, fait d'armatures légères et de toiles, se dresse au milieu des jardins ou au milieu de la rue.
Des rideaux découvrent des scènes successives. Les manipulateurs et les commentateurs sont cachés par les toiles alors que les marionnettes en pied sont visibles du public. Des équipements spéciaux sont aménagés pour les scènes volantes et les trucages. Chaque marionnette possède un jeu de seize fils, destinés à des mouvements subtils des articulations. Le manipulateur s'attache un ou plusieurs fils à chaque doigt et doit faire preuve d'une grande habileté.
Le répertoire est celui du Ramayana. Les séquences variées se succèdent pendant plusieurs heures. L'épisode choisi ici pour la représentation sera: "A la poursuite du cerf d'or"
3. Les Hun Krabok ou marionnettes de bambou.
Il semble qu'un mendiant aveugle qui contait des histoires les ait créées à Sukhothai. En 1893, le Prince Damrong les amène à Bangkok pour que son fils puisse regarder le spectacle et avaler ses médicaments sans y penser. Les Hun Krabok, hautes d'une quarantaine de centimètres possèdent une tête, un buste, des bras mais pas de jambe. Un costume élaboré, composé d'une longue jupe, termine le bas de la marionnette.
Les mouvements des marionnettes manipulées par les tiges (de bambou également) sont basés sur ceux du drame-dansé classique; le Lakhon Nok, montrant seulement le visage sous ses différents profils et les gestes des mains. Chaque marionnette nécessite un manipulateur qui doit être un expert de la musique et de la danse classique. Il semble que le théâtre de marionnette chinois ait influencé le Hun Krabok.
Quelquefois, à l'aide d'une poulie, les marionnettes se mettent à voler. Certaines, grâce à des chevilles fixées au cou, peuvent perdre la tête au cours des décollations. Un petit jet de sang artificiel jaillit alors d'une seringue dissimulée sous les brocards des vêtements. Comme dans le théâtre chinois, de minuscules scènes de marionnettes sont représentées à l'intérieur du castelet. Les processions de funérailles succèdent aux scènes de rue avec des vendeurs de cacahuètes et de sorbets. Des scènes fantastiques avec Hanuman et l'intérieur du corps de l'ogresse révèlent une vision surréaliste de la légende et une grande ingéniosité.
Aujourd'hui, le répertoire va du Ramayana aux épopées poétiques du Pha Abhaimani. L'épisode présenté sera: "Histoire de l'ogresse des mers"
II. Musique
L'ensemble musical, qui est le même pour les deux premiers types de marionnettes, diffère pour le troisième. Il se compose de :
Chanteur, Joueur de Sor U (viole alto), joueur de flûtes, joueur de tambours et cliquettes, joueur de gongs.
Parfois les manipulateurs disent le texte devenant ainsi commentateurs. Souvent le texte est simplement chanté.
L'Ogresse des mers.
Acte I. Les études.
Acte II. L'enlèvement de Phra Aphaimani.
Acte III. Dans la grotte de l'ogresse des mers
Acte IV. La fuite.
Acte V. L'île magique.