Ce pingouin ou manchot en peluche, fabriqué avec des plumes, des poils et du velours, est une pièce insolite dans les collections du musée de l'Armée. Il a appartenu à l'aviateur français Pégoud.
Au cours de la Première Guerre mondiale, les soldats adoptent comme mascotte de leur unité de véritables animaux comme par exemple des chiens errants venus roder autour des cuisines (« Parasol » à l'escadrille SPA 3, « Mémère » dans un bataillon de chasseurs à pied ou « Dash » au 222nd Overseas Infantry Battalion du Corps expéditionnaire canadien). Mais les chiens ne sont pas les seuls animaux qui leur tiennent compagnie. Nombre d'entre eux apprivoisent des corbeaux, des geais, des hérissons ou même un lion (« Whiskey » de l'escadrille américaine N 124). Les aviateurs adoptent également des animaux factices qui deviennent des porte-bonheur. Ainsi l'aviateur Adolphe Pégoud adopte cette peluche qui ne le quitte plus jusqu'à sa mort, peut-être comme un clin d'oeil en lien avec son patronyme Pégoud proche du mot pingouin.
Breveté de l'Aéro-club de France le 7 mars 1913, Pégoud est engagé comme pilote d'essai par Louis Blériot. Pionnier de l'aviation, il est le premier à effectuer un saut en parachute en sacrifiant son avion et un looping avec un Blériot XI. Mobilisé dès le début de la guerre, il est affecté à la défense de Paris avec l'escadrille MF 25. Il obtient ses cinq premières victoires aériennes avec les escadrilles MF 25 et MS 37 et rejoint en avril 1915 l'escadrille MS 49, créée le 18 avril. Le 11 juillet, il remporte sa sixième victoire aérienne face à un Aviatik allemand (avion de reconnaissance). Le 31 août 1915, le sous-lieutenant Pégoud décolle de l'aérodrome de Fontaine avec son Nieuport n°210 et sa mascotte fixée sur le capot. Il est abattu en combat aérien par l'Unteroffizier Walter Kandulski dans le ciel de Petit-Croix, à l'est de Belfort. Son fétiche porte la trace de cet ultime combat sous forme de brûlures.
Le sous-lieutenant Pégoud est enterré, le 3 septembre 1915, à Brasse près de Belfort. Le 20 août 1920, il est inhumé officiellement au cimetière de Montparnasse (4e division).
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