Né à Honfleur et formé au Havre, Eugène Boudin (1824-1898) découvre la Bretagne en 1855 et y séjourne de manière régulière pendant trois ans. Séduit par le pittoresque de la région, il s'intéresse à la vie simple des paysans du Finistère et se révèle un témoin attentif de leur mode d'existence.Lors de son second séjour, effectué en 1857, l'artiste assiste au spectacle du pardon de Sainte-Anne-la-Palud, l'une des fêtes religieuses et populaires les plus importantes de la région, qui se tient traditionnellement le dernier week-end d'août. Il voit là l'occasion de peindre son premier tableau de Salon.Boudin fait de nombreux croquis de cet événement. Privilégiant l'aspect profane de la fête – et sacrifiant ainsi au goût du public de l'époque –, il représente la foule qui campe dans la grande plaine, tout occupée à la préparation d'un déjeuner champêtre, et relègue à l'arrière-plan, dans le lointain, la chapelle autour de laquelle se réunissent les pèlerins. L'artiste décrit avec précision les costumes régionaux, les coiffes blanches des femmes, les objets de la vie quotidienne.L'œuvre est présentée au Salon de Paris de 1859, où elle est remarquée par Baudelaire, qui en parle comme d'« un fort bon et fort sage tableau ». Premier envoi de l'artiste, cette peinture marque son entrée sur la scène artistique officielle. La ville du Havre, qui soutient Boudin depuis 1851, acquiert la toile en 1860 pour la somme de 500 francs – un montant important si l'on considère que les natures mortes et les paysages se négociaient alors autour de 50 francs. Unique dans la carrière du peintre – à partir de 1863, Boudin enverra au Salon des marines et des scènes de plage –, le Pardon de Sainte-Anne-la-Palud marque la fin de ses années de formation.
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