En 1940, Liliane, dite Lili, Goldberg a 2 ans et habite rue de la Folie-Méricourt dans le 11ème. Après avoir échappé à la rafle du Vel’d’Hiv’, la famille quitte Paris pour la région lyonnaise. La décision est prise de se disperser. Par l’intermédiaire d’amis, Lili est confiée à Marguerite et Pierre Page qui tiennent une bijouterie à Lyon. Son frère, lui, sera placé dans une ferme en Isère. Les époux Page n’ont pas d’enfant. Ils gardent la petite fille gracieusement et l’entourent de toute leur affection. Pour Lili, ils deviennent « Tonton Pierre » et « Tatan-toutcourt». A ses cinq ans, Marguerite et Pierre inscrivent Liliane à l’école. Elle devient alors Liliane Page.
Elle mettra plusieurs jours à répondre à son nouveau nom lors de l’appel de début de classe.
À la Libération, Liliane a 6 ans. Elle n’a aucun souvenir de sa vie d’avant, d’avant la séparation d’avec ses parents. Lorsque, en 1945, sa mère vient la chercher, elle lui dira « Bonjour, madame ». Meurtrie d’avoir dû confier ses enfants, la mère de Lili coupe alors tout lien avec celles et ceux qui lui rappellent ces années de séparation.
Marguerite décède en 1948. Lili ne reverra pas les époux Page de leur vivant. De retour à Paris, la famille Goldberg est profondément marquée par l’angoisse de la guerre. Lorsqu’elle prend conscience de la souffrance de ses parents et apprend le sort des enfants juifs qui n’ont pas croisé la route de gens comme les Page, Liliane ressent un sentiment de culpabilité. Elle a été si heureuse chez son « Tonton » et sa « Tata ». Très, trop, jeune en 1942, elle mettra des années à comprendre ce qu’elle a vécu.
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