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Pièce militaire « L'Épopée » par Caran D'Ache - Grenadiers à cheval, 8 grenadiers à cheval

Caran d'Ache1886

Musée de l'Armée - Hôtel des Invalides

Musée de l'Armée - Hôtel des Invalides
Paris, France

Caran d’Ache, de son vrai nom Emmanuel Poiré, est né à Moscou le 6 novembre 1858.

Son grand-père, français d’origine, servi en tant que chef d’escadrons au régiment d’artillerie à cheval de la Garde, dans l’armée de Napoléon. Durant la campagne de Russie, il a été grièvement blessé et laissé pour mort à la bataille de la Moskova, en 1812. Il fut soigné par une famille polonaise, épousa la fille de la maison et s’installa définitivement à Moscou, en tant que maître d’armes à la cour.

Élevé dans le culte de ce grand-père mythique et suivant le vœu de son propre père, Emmanuel a décidé de recouvrer la nationalité française. En 1878, il quitte la Russie pour la France où il effectue son service militaire. Durant cinq ans, il sert au ministère de la Guerre, pour lequel il dessine divers modèles d’uniformes. Il nourrit l’ambition de devenir peintre militaire, à l’instar d’Alphonse de Neuville ou d’Édouard Detaille, qu’il admire particulièrement. Encouragé par ce denier, il publie dès 1880 ses premiers dessins. Mais, la carrière artistique étant incompatible avec la carrière militaire, il les publie sous un pseudonyme : Karandach signifie en russe « crayon ». Il s’illustre à ses débuts dans les caricatures militaires, dont le style se caractérise par la virtuosité d’un trait souple, notamment dans le journal La Vie militaire, où il publie ses premières Histoires sans légendes. C’est en 1883 qu’il donne ses premiers dessins à l’hebdomadaire Chat noir, programme humoristique du cabaret. Il caricature alors la vie politique et mondaine parisienne, mais s’oriente naturellement vers le monde militaire, guidé par son goût pour les uniformes et la peinture militaire. C’est en 1886 qu’il signe ses premiers spectacles en ombres chinoises au Chat noir, qui y gagne une notoriété sans précédent. Certes, le procédé a été introduit en France dès 1770 mais Caran d’Ache y intègre ses thèmes de prédilection : L’Épopée relate les campagnes de la Grande Armée, traitant essentiellement des gloires passées de l’armée française, telle que la bataille d’Austerlitz.

D’un point de vue technique, les personnages de sa première version, intitulée 1809, sont découpés dans du carton, selon la méthode alors en usage. C’est avec le décorateur du cabaret qu’il perfectionne le procédé par la suite. Les silhouettes sont alors découpées dans des plaques de zinc de 5 mm d’épaisseur. Certaines sont articulées. Les plaques coulissent dans des rainures espacées de quelques centimètres, réparties sur plusieurs plans entre l’écran et la source lumineuse. On fait coulisser des verres sur lesquels sont peints, en couleurs translucides, des ciels de toutes nuances. Huit à dix machinistes sont nécessaires pour assurer le fonctionnement du spectacle. Rodolphe Salis, fameux fondateur du cabaret, commente en personne l’action, tandis que trois musiciens (un piano, un clairon et un tambour) exécutent la partition originale.

La première version de l’Épopée compte deux actes et trente tableaux. Le spectacle s’étoffe peu à peu, comptant cinquante tableaux dix ans plus tard. Le premier acte évoque les défilés de la Grande Armée et la présentation des drapeaux pris à l’ennemi. Aucune subdivision d’arme n’est oubliée dans le spectacle et chacune y est immédiatement identifiable grâce à l’exactitude et à la précision de la représentation des uniformes et des situations. Le second acte évoque quant à lui les campagnes du Premier Empire, jusqu’à la défaite de Waterloo.

Spectacle phare au Chat noir, l’Épopée est un triomphe qui vaut à l’artiste une réputation considérable, après plus de mille représentations. Le Tsar Alexandre III en personne se fait envoyer des silhouettes découpées. Caran d’Ache meurt le 26 février 1909, à l’âge de 50 ans. Il est l’un des dessinateurs les plus connus de son temps. Même s’il a su créer un style graphique original et que l’on peut considérer aujourd’hui son regard comme résolument moderne, il reflète aussi parfaitement la pensée de son époque. La légende napoléonienne est en effet toujours vivace à la fin du XIXème siècle, et la figure de l’Empereur n’a jamais réellement cessé d’exister. Elle s’est incarnée dans l’art populaire dès les années 1830, avec des objets tels que les foulards, les tabatières, les boîtes peintes, et surtout les figurines de cartes, les gravures ou les images d’Épinal. Mais à la fin du Second Empire, après la défaite de Sedan, en 1870, elle s’efface plutôt derrière le souvenir nostalgique d’un passé glorieux de la France, favorisé par le patriotisme ou le nationalisme naissants. Ce sont à présent les batailles victorieuses et leurs héros qui sont valorisés par la littérature ou la peinture.

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  • Title: Pièce militaire « L'Épopée » par Caran D'Ache - Grenadiers à cheval, 8 grenadiers à cheval
  • Creator: Caran D'Ache (Drawer)
  • Date Created: 1886
  • Location Created: Paris (France)
  • Physical Dimensions: 0,51 (h) x 1,315 (w) m
  • Provenance: acquisition date: November 19, 1965 (Donation); previous collection: Simone Lemoine
  • Subject Keywords: Grenadier à cheval
  • Type: Pièce de théâtre d'ombre
  • Medium: Zinc, Découpage
  • Inventory: 19454-35
Musée de l'Armée - Hôtel des Invalides

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