Publiée par Bernard Berenson qui l'a attribué à Bartolomeo Veneto, elle est aujourd'hui considérée comme la copie d'un original du maître, qui a travaillé dans le nord de l'Italie dans les trente premières années du XVe s.
Ce n'est certainement pas l'inscription disparue à la suite de restauration, qui permettrait d'identifier la femme représentée, mais plutôt le rapprochement avec un autre portrait de la collection Rebuschini de Corne.
Cette représentation de Lucrèce Borgia, peut-être justement à cause de son caractère unique, a eu une chance extraordinaire : à travers des reproductions on en connaît au moins huit versions différentes par leurs proportions et leurs mesures, mais sans doute toutes dérivées d'un seul et même prototype, jusqu'à aujourd'hui inconnu.
Le visage et la coiffure de la duchesse d'Estè sont toujours à peu près les mêmes, alors que ce qui change est à la fois la parure de bijoux, la décoration de la robe et les dimensions de la silhouette, laquelle, dans le portrait de Nîmes, est représentée à mi-buste tandis qu'ailleurs, elle est représentée dans son intégralité.
Lucrèce, duchesse de Ferrare, est représentée en âge désormais mûr, au-delà de trente ans, avec un visage aux contours pleins et un regard doux mais sévère. L'ensemble dénote une certaine austérité des traits et de l'attitude, austérité qui s'oppose à l'image négative qui nous a été transmise par des chroniqueurs.
Même Victor Hugo, auteur de Lucrèce Borgia, aurait eu quelque difficulté à reconnaître dans cette dame sobre et réservée, la femme scélérate, empoisonneuse et entourée d'amants qu'il avait décrit dans son drame.
Si, comme on peut le supposer, le portrait de la collection de Como qui est très proche de celui de Nîmes, provient de l'illustre recueil du lettré Paolo Giovio (1483- 1552), reçu d’Alfonso d'Esté, on peut supposer que ce portrait puisse remonter aux années comprises entre 1510 et 1520, lorsque Lucrèce avait à peine plus de trente ans
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