En 1942, un passeur anglais en route pour le Portugal fut abattu au dessus du petit village Saint Hilaire du Harcouët (Normandie). L’aviateur emmenait deux adolescents juifs hollandais (Lévi et Branca) au Portugal où ils devaient rejoindre des membres de leur famille. Les résistants locaux confièrent les deux enfants à l’arrière grand père de Raphaële Petit, Monsieur Armand Piel. Ce dernier ne faisait partie d’aucun réseau de Résistance mais en tant qu’officier de l’armée française à la retraite et catholique, le chef du réseau cru pouvoir compter sur Monsieur Piel, son sens du devoir et son aversion naturelle pour l’Allemagne (ses frères ainsi que ses beaux-frères avaient été tués dans les tranchés de la guerre 14-18). Les habitants du village connaissaient l’existence de ces enfants hébergés mais personne n’en parlait. Un jour, alors que Lévi allait se faire couper les cheveux, il s’entendit dire par le coiffeur: « pauvre petit enfant juif qui se cache », notamment à cause de son fort accent. A la suite de cet incident, pour la sécurité de l’enfant, M. et Mme Piel placèrent le garçon dans une famille de confiance (qui a également reçu le titre de « Juste ») vivant à la campagne. Monsieur et Madame Piel gardèrent la fillette (Branca-rebaptisée Bertille) et veillèrent scrupuleusement à ce que le frère et la sœur se voient très régulièrement. Les enfants furent ainsi hébergés chacun de leur côté jusqu’au Noël 1945, afin de s’assurer qu’ils ne couraient plus aucun danger. Seule la mère des enfants a survécu à la guerre, et a pu retrouver ses enfants.
Monsieur et Madame Piel ont reçu le titre de Justes à titre posthume en 2009.