Premier rendez-vous chez Madame Dupin
« Parlons maintenant de mon entrée chez Madame Dupin, qui a eu de plus longues suites. Madame Dupin était, comme on sait, fille de Samuel Bernard et de Madame Fontaine. Elles étaient trois sœurs qu’on pouvait appeler les trois Grâces. Madame de la Touche, qui fit une escapade en Angleterre avec le duc de Kingston; Madame d’Arty, la maîtresse, et, bien plus, l’amie, l’unique et sincère amie de M. le prince de Conti; femme adorable autant par la douceur, par la bonté de son charmant caractère, que par l’agrément de son esprit et par l’inaltérable gaieté de son humeur; enfin Madame Dupin, la plus belle des trois, et la seule à qui l’on n’ait point reproché d’écart dans sa conduite. Elle fut le prix de l’hospitalité de M. Dupin, à qui sa mère la donna avec une place de fermier général et une fortune immense, en reconnaissance du bon accueil qu’il lui avait fait dans sa province. Elle était encore, quand je la vis pour la première fois, une des plus belles femmes de Paris. Elle me reçut à sa toilette. Elle avait les bras nus, les cheveux épars, son peignoir mal arrangé. Cet abord m’était très nouveau; ma pauvre tête n’y tint pas; je me trouble, je m’égare; et bref, me voilà épris de Madame Dupin. Mon trouble ne parut pas me nuire auprès d’elle; elle ne s’en aperçut point. Elle accueillit le livre et l’auteur, me parla de mon projet en personne instruite, chanta, s’accompagna du clavecin, me retint à dîner, me fit mettre à table à côté d’elle. Il n’en fallait pas tant pour me rendre fou; je le devins… »
Citation
Qu’à m’égarer dans ces bocages
Mon cœur goûte de voluptés !
Que je me plais sous ces ombrages !
Que j’aime ces flots argentés !
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