Sabre du maréchal Lannes Vue générale

Jean Lannes (1769-1809) est une figure marquante de l'épopée napoléonienne. Il se distingue notamment pendant les campagnes d'Italie et d'Égypte, et plus particulièrement à la bataille de Montebello en 1800. Maréchal de la première heure, il est de tous les combats jusqu'à sa mort pendant la campagne d'Autriche de 1809.
L'appellation Marengo se réfère donc à la célèbre victoire du 14 juin 1800 et au sabre que le Premier Consul portait ce jour-là à la tête de ses troupes. Par la suite, Boutet a développé une gamme de sabres de récompenses destinés aux généraux ayant participé à cette bataille capitale. Il s'inspire de celui de Napoléon, sans le reproduire à l'identique, et fait varier les détails suivant les destinataires, de sorte que chaque sabre est individualisé.
Le pommeau comporte ici une demi-calotte en forme de tête de lion stylisée, symbole de force et de courage, mais aussi attribut des généraux de division. La poignée, galbée, est en ébène strié. Tous les sabres de ce modèle ont une croisière aux quillons en S. Un anneau pris dans la gueule du lion retient une chaînette qui rejoint, à l'extrémité du quillon droit, une tête de dragon enserrant entre ses dents le corps d'un serpent enroulé dans une inspiration égyptisante. Le quillon gauche s'achève en tête de bélier. Les oreillons losangiques sont ornés du Gorgoneion associé à la peau du lion de Némée, attribut d'Hercule et signe de force, le tout surmonté d'une couronne de lauriers, symbole de la victoire.
La lame, avec son contre-tranchant, est typique des modèles à la turque qui ont donné naissance au modèle à la Marengo. Damasquinée et bleuie au tiers, elle offre un décor antiquisant complexe mêlant au recto des palmettes soutenant un trophée d'armes composé d'un carquois garni de trois flèches sortant de flammes, encadrées de branches de lauriers. Un second trophée avec deux flèches croisées derrière un pelte jaillit d'une plante stylisée.
Le verso de la lame est décoré de motifs géométriques et végétaux d'inspiration antique.
L'abondance de ces références, que l'on retrouve sur les bracelets du fourreau et sur sa bouterolle terminée par un dard en acier coulé en forme de pelte, est caractéristique du goût de l'époque, alors en plein développement du style néoclassique dans les arts. Le raffinement est poussé jusque dans les détails avec les anneaux de bélières enserrés dans des têtes de lion, ainsi que la couture en fils d'argent qui devient partie prenante du décor.
L'élégance du traitement de cette arme lui confère son caractère exceptionnel, allié à la richesse des matériaux employés et au nom prestigieux de son propriétaire, à qui ce sabre a probablement été décerné suite à la campagne d'Italie de 1800, à l'image de celui du général Victor. Un portrait en pied de Lannes, exécuté par François Gérard et conservé au château de Maisons-Laffitte, montre le maréchal avec ce sabre au côté.