Mais le fastueux Clément VI succède à Benoit XII, et le Palais devient
insuffisant. Il fait construire la Tour de la Garde-robe, richement décorée de
fresques de toutes sortes ; puis il achète et fait démolir toutes les maisons
avoisinantes et trouve ainsi place pour la plus belle salle du Palais, la Salle de
l'Audience, immense, majestueuse et simple ; le Tribunal apostolique de la
Rote y tiendra ses séances.
Le même architecte, Jean de Loubières, dresse les plans de la Grande Cha-
pelle, voisine de l'Audience. Clément Vi l'inaugure en grande pompe, le jour
de la Toussaint. Enfin l'aile du Couchant, avec son porche aux deux tourelles
en encorbellement, ferme le carré de la Cour d'honneur.
Le Palais forme maintenant un tout parfait que les successeurs ne peuvent
qu'entretenir. Seul Urbain V donne tous ses soins aux jardins et travaille à
se créer une retraite paisible, pour échapper aux soucis de sa charge ; jardin
de fleurs, jardin planté d'arbres, il cerne le Palais de verdure et donne à la
forteresse un visage accueillant.
Souci sans lendemain, Rome s'est apaisée et les pontifes reprennent le
chemin de la Ville Eternelle... jusqu'au Grand Schisme qui ramène en
Avignon
un Pape sans pontificat.
Benoit XIII ne jouit guère de sa nouvelle résidence, les partisans du Pape
de Rome veulent sa perte et mettent le siège devant le Palais. Quatre années
durant, le Pape est enfermé dans ses remparts. On essaie tous les moyens
pour abattre les énormes murailles : canon, mines, brèches, rien n'y fait, et
le Palais reste imprenable. Les assiégeants veulent alors employer la ruse et
s'introduisent jusqu'aux cuisines par un vieil égoût. On les entend, l'alerte est
donnée, des soldats surgissent de partout
et ils sont faits prisonniers. Mais les vivres
diminuent. Benoit XIII doit se résoudre à
s'enfuir, de muit, par une brèche pratiquée
dans une porte murée. Sept ans après, le
siège recommence. C'est un neveu de
Benoit XI!, le légat Rodrigue de Luna, qui
défend la forteresse. Il lutte un an et capi-
tule.
C'est la fin de la Grande Histoire du
Palais des Papes.
Tour à tour demeure d'élection des Lé.
gats, puis prison sous la Révolution, caserne
sous l'Empire, le Palais est voué à toutes
les vicissitudes : peintures détruites, murs
abattus, fenêtres murées. On ignore sa
grandeur passée et ce n'est que récem-
ment qu'on entreprend de lui rendre son
vrai visage.
Toute l'histoire de la papauté du XIV° siè-
cle se rattache à Avignon. Le Palais en
reste l'admirable témoin.
Lieux Scèniques
T. N. P. 1952
2
Le verger d'Urbain V où sera joué,
cet été, "L'Avare", de Molière
L'indice de droite permet le classement
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