Recouvert d’une belle patine d’usage, ce tambour de poitrine nfunkula est remarquable du fait de la complexité de sa facture et de l’originalité de sa décoration : il semble qu’il soit le seul tambour Tabwa ainsi décoré.
Le tambour nfukula, dont la tradition a de nos jours disparu, était joué par des musiciens itinérants appelés sikaomba qui allaient, de place en place, chanter les louanges des chefs ou d’autres personnages importants. Les chants laudatifs rythmés au son du nfukula accompagnaient et encouragaient les hommes au combat.
Mais son rôle le plus important s’incarnait dans le mythe fondateur du statut de chef Tabwa, selon lequel un sikaomba avait averti Kyomba, héros mythique, que ses frères l’avaient trahi. Le musicien utilisa le langage du tambour « pour l’inciter à la prudence » et déjouer ainsi le piège que lui avaient tendu ses frères jaloux. Kyomba pu alors transmettre son statut de chef aux enfants de ses diverses femmes.
Maintenu horizontalement contre sa poitrine, le musicien frappait la peau du tambour tandis qu’il en faisait varier le timbre en éloignant plus ou moins la base évidée de son torse.