La bataille de Fontenoy, le 11 mai 1745 Vue générale

« Peintre ordinaire du roi », Lenfant est recruté en 1746 par le comte Marc-Pierre de Voyer d'Argenson (1696-1764), secrétaire d'Etat à la Guerre de 1743 à 1757, comme « dessinateur des camps et armées de Sa Majesté ». Il est chargé de l'exécution d'une série de tableaux de batailles pour l'hôtel d'Argenson à Neuilly, série dupliquée avec quelques variantes significatives pour le cabinet de l'hôtel de la Guerre à Versailles.
Le tableau du musée de l'Armée est issu de la série de Neuilly, transportée dans la propriété familiale des Ormes en Poitou, après la disgrâce du comte d'Argenson. La composition obéit au schéma mis au point par Adam van der Meulen (1632-1690) au siècle précédent : le roi en habit gris, suivi du Dauphin en habit rouge et entouré de l'état-major royal, domine le champ de bataille, où se déroule l'action principale, visible en perspective cavalière, à savoir la dislocation de la colonne anglo-hanovrienne, sous les assauts conjugués de l'infanterie et de la cavalerie françaises. Cette victoire éclatante - « journée la plus glorieuse depuis la bataille de Bouvines », célébrée par Voltaire en 1745 - est arrachée aux prix de pertes importantes dont témoigne le duc de Croÿ (1718-1784), commandant du Royal-Roussillon-Cavalerie. C'est aussi la première - depuis celle de Poitiers en 1356 - et dernière bataille de l'Ancien régime à laquelle le Roi et son fils président en personne. Souffrant d'hydropisie aigüe, le maréchal de Saxe dirige depuis sa voiture de campagne représentée par Lenfant, des combats dont il est le véritable ordonnateur et stratège.