Un homme âgé et souffrant, entouré de sa femme et d'un petit garçon, reçoit la visite d'une dame et de sa fille. Elles sont venues apporter de l'argent à cette famille dans le besoin. Au centre du tableau, le ballet des mains révèle le sens de l'action théâtrale et le rôle de chacun : main de la femme qui désigne le couple malade et encourage la petite fille, poing serré de l'enfant qui tend la bourse avec timidité, mains ouvertes du vieil homme qui reçoit l'offrande avec gratitude et noblesse, mains jointes de la vieille femme recroquevillée dans sa supplication. Greuze a fait alors de la peinture de genre moralisatrice l'une de ses spécialités. Il traite ces scènes de la vie ordinaire avec les ressources de la peinture d'histoire : gestes amplifiés, personnages anonymes exprimant des sentiments nobles et édifiants. Greuze reprend à son compte le thème de la bienfaisance, développé par le courant des Lumières et qui tend à remplacer celui de la charité chrétienne illustré au siècle précédent par les Oeuvres de miséricorde. De plus, l'époque néo-classique affectionne le motif de la déchéance des grands et du secours aux nécessiteux. Greuze dénonce également un drame de son époque : l'homme, que l'épée pendue au bord du lit et les ouvrages rangés dans l'alcôve désignent comme issu de la noblesse, a connu un revers de fortune. Ne s'agirait-il pas d'un soldat ayant servi dans l'armée de Louis XV, que le pouvoir ingrat abandonne dans la misère ?