Dans les années 1880, le peintre américain John Leslie Breck s’inscrit à l’académie Julian à Paris. Au cours de l’été 1887, il se joint à un petit groupe d’artistes, Theodore Wendel, Louis Ritter, et Willard Leroy Metcalf, et découvre Giverny. Quand le village de Giverny devient une florissante colonie d’artistes, de 1885 à 1915, Breck compte parmi les rares privilégiés à côtoyer Claude Monet. Selon la rubrique nécrologique du Boston Sunday Globe, Monet aurait déclaré : « Venez donc avec moi à Giverny passer quelques mois, je ne vous donnerai pas de leçons, mais nous nous promènerons dans les bois et les champs et peindrons ensemble. » L’artiste représentera le jardin de Claude Monet (« Jardin à Giverny (Dans le jardin de Monet) », vers 1887-1891, Chicago, Terra Foundation for American Art, 1988.22). Il séjournera à Giverny par intermittence jusqu’en 1891, et compte aujourd’hui parmi les principaux représentants de l’impressionnisme américain.
« L’Epte, Giverny » date de son premier séjour. Breck, qui commence à pratiquer la peinture de plein air, privilégie les paysages des environs immédiats de Giverny. Il adopte alors la touche impressionniste avec une prédilection pour les études de la rivière à travers les sous-bois et les reflets sur l’eau. La construction et les harmonies de tons vert sombre de cette toile témoignent de la formation académique du peintre. Cependant, Breck choisit ici une touche rapide et un cadrage tronqué qui confèrent une allure moderne à l’œuvre.
Valérie Reis
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