Rembrandt a 19 ou 20 ans lorsqu'il compose ce tableau, sa première œuvre aujourd'hui connue. Elle dépeint le martyre de saint Etienne, jeune diacre de la communauté chrétienne de Jérusalem, qui fut condamné à mort par lapidation à la suite de faux témoignages (Nouveau Testament, Actes des Apôtres, 7, 55-60).
Le peintre représente le moment précis où, poussé hors des murs de la ville par la foule hostile, Etienne est encerclé par ses persécuteurs qui s'apprêtent à lui jeter des pierres. Tombé à genoux, il semble invoquer le Ciel, le rayon de lumière qui l'illumine pouvant faire allusion à une vision divine située hors champ.
L'épisode est décrit dans un style violemment expressif. Une diagonale bien visible divise l'espace du tableau en deux zones de lumière fortement contrastées ; l'effet de clair-obscur ainsi créé confère à la scène une atmosphère dramatique. Les gestes suspendus des lapidateurs, la tension de leur corps, l'expression marquée de leur visage grimaçant et la calme béatitude du saint sont autant d'éléments qui dynamisent l'ensemble et théâtralisent l'instant.
Si l'on relève quelques imprécisions dans le dessin, et si la disposition des têtes qui semblent combler chaque vide peut paraître encore quelque peu maladroite, la qualité expressive de l'œuvre annonce déjà le maître que deviendra Rembrandt. Au cœur du tableau, il est plaisant d'observer sans doute le tout premier autoportrait de l'artiste, discrètement peint juste au-dessus de la tête de saint Etienne.