Peintre érudit, collectionneur d'objets d'art du Moyen-Age, Pierre Révoil tente en 1812 une reconstitution minutieuse d'un tournoi médiéval. Il choisit de représenter le tournoi de Rennes, marqué par la participation, malgré l'interdiction de son père, du jeune Bertrand Duguesclin sous une armure anonyme. Le peintre choisit le moment où le dernier vaincu parvient à soulever la visière du vainqueur, dévoilant son identité. Le héraut au premier plan sonne la victoire ; au fond, un des quatre juges brandit le prix de la joute, un cygne d'argent. Décor, costumes, accessoires, armoiries, devise inscrite sur les loges, rien n'est laissé au hasard. La composition claire, centrée autour du héros en pleine lumière, et les jeux de contrastes concourent à la dramatisation de la scène.
Ce tableau illustre de manière caractéristique le style Troubadour que Révoil crée, au début de l'Empire, avec son ami et collègue lyonnais Fleury Richard (1777-1852). Le style Troubadour cherche à réconcilier les sujets nobles de la peinture d'histoire (le "grand genre") et l'anecdote sentimentale ou plaisante de la peinture dite de genre, ces scènes de la vie quotidienne réputées mineures mais très appréciées du public. Leurs sujets sont inspirés du passé national et chrétien dont l'âge de la chevalerie constitue l'apogée.