Après un apprentissage d’ouvrier graveur, Maximilien Luce fréquente l’académie Suisse et est admis dans l’atelier du peintre Carolus-Duran en 1876. Au début des années 1880, ses premières œuvres sont des paysages lumineux peints à Paris ou en banlieue. La rencontre de Georges Seurat et Paul Signac à l’occasion de sa première participation au Salon des artistes indépendants de 1887 est décisive pour l’artiste. Il adhère dès lors à l’esthétique néo-impressionniste, qu’il pratique de manière très libre. Au fil des années, il renonce progressivement à la touche divisée et retrouve, au tournant du siècle, un style plus large, proche de l’impressionnisme, et dont les fulgurances colorées annoncent parfois le fauvisme.
Luce passe l’été 1914 à Kermouster près de Lézardrieux en Bretagne, où il peint des paysages. La toile, exécutée à cette occasion, témoigne d’un art apaisé. À son habitude, l’artiste structure énergiquement le paysage. Les obliques de l’enclos de pierre et des masses rocheuses qui bordent l’estuaire du Trieux donnent les grandes lignes de la composition. Au centre du tableau, elles sont équilibrées par les verticales d’un bouquet d’arbres. Comme son ami Camille Pissarro, Luce s’intéresse à l’activité humaine, qu’il rappelle ici non seulement par la présence de deux silhouettes, mais aussi par l’évocation du travail (les meules, l’élevage de chevaux).
La dominante chromatique bleue et verte, ainsi que l’analyse de la lumière très pure de bords de mer en Bretagne, sont proches de celle de Claude Monet à la même époque. Après la guerre, Luce achètera une maison en bord de Seine à Rolleboise, non loin de Giverny, et rendra régulièrement visite au père de l’impressionnisme.