Si l’homme nage depuis la nuit des temps en milieu naturel, la construction d’équipements spécifiques sur les rives de nos cours d’eau ne remonte qu’à quelques centaines d’années. À partir du XVIIe siècle, aux beaux jours, les Parisiens sont nombreux à se baigner dans la Seine, mêlant un souci d’hygiène au plaisir rafraîchissant de l’eau. En 1924, l’inauguration de la piscine de la Butte-aux-Cailles, de l’architecte Louis Bonnier, constitue un tournant quant à la volonté des autorités parisiennes de pallier le manque d’établissements de natation. Elle introduit véritablement la modernité au sein de ces programmes et de leur architecture.
La plage de Lys–Chantilly, à Boran-sur-Oise.
Bains sur Seine
Piscine du complexe sportif Beaujon, Paris 8e (2014). Jean Guervilly, architecte.
Piscine du Centre sportif Alfred-Nakache (2008), Patrick Berger et Jacques Anziutti, architectes, 2008. Ville de Paris, maître d'ouvrage © Gérard Sanz/Mairie de ParisPavillon de l'Arsenal
Piscine du centre sportif Alfred-Nakache, Paris 20e (2008). Patrick Berger et Jacques Anziutti, architectes. Ouvrir les bassins sur la ville et réciproquement, offrir aux passants le spectacle des bains constitue la dernière transformation spatiale de ces établissements sportifs parisiens.
Le hall d’entrée entièrement vitré ouvre sur la rue piétonne les bassins implantés au centre de la parcelle. Ce dispositif de vision, certes modulable par des occultations, illustre l’évolution de la relation au corps dans la société contemporaine occidentale. Désormais, l’intimité s’exhibe, le corps est devenu plus important que l’âme.
Piscine Pailleron (2006), Marc Mimram, architecte et ingénieur, Franck Neau, paysagiste ; Carmen Perrin et Xavier Veilhan, artistes, 2006 ; Mairie de Paris, SEMAVIP, maîtres d’ouvrage © Nicolas Borel /Vincent FillonPavillon de l'Arsenal
Réhabilitation de la piscine Pailleron, Paris 19e (2006). Marc Mimram, architecte et ingénieur : "Je vais vous parler de la piscine telle qu’on l’a trouvée : elle était murée !
[...] Il y a dix ou quinze ans, les programmistes de piscine disaient : « Il est interdit d’apporter de la lumière directe sur les plans d’eau parce que ça fait des reflets et ça gêne les maîtres-nageurs. » Mais je pense exactement le contraire : il faut amener plein de lumière sur les plans d’eau et que les maîtres-nageurs s’y habituent…"
Piscine Joséphine Baker (2006), Atelier Sequana Architectures, Robert de Busni, architecte ; Ville de Paris, maître d’ouvrage © Marc Verhille/Mairie de ParisPavillon de l'Arsenal
Piscine Joséphine Baker, Paris 13e (2006). Robert de Busni, architecte. La piscine Joséphine-Baker a ouvert ses portes à Paris en 2006, treize ans après la disparition de la piscine Deligny et dans un registre tout autre. Cette fois-ci, la piscine n’est pas un espace clos, mais vitré et ouvert sur la ville.
Amarrée au pied de la Bibliothèque nationale de France, elle offre une vue panoramique à travers sa toiture et sa façade totalement ouvrantes sur d’impressionnantes pièces infrastructurelles parisiennes.
Piscine Suzanne-Berlioux (1985), Paul Chemetov, architecte ; Semah, maître d’ouvrage général ; Ville de Paris, maître d’ouvrage. © Felipe Ferré/Musée Carnavalet/Roger-Viollet/ADAGP, 2014Pavillon de l'Arsenal
Piscine Suzanne-Berlioux, Paris 1er (1985). Paul Chemetov, architecte. Enfoui sous la dalle du jardin des Halles, le bassin olympique relève d’un travail télurique. Sa couverture est faite de grandes voûtes en béton brut aux nervures vigoureuses, dont les principales reposent sur deux piles de 6 m de diamètre.
La puissance de cette structure remémore l’architecture thermale antique. La lumière naturelle plonge jusqu’au tréfonds du bassin grâce à une serre tropicale disposée entre ciel et hypogée. Mais les nageurs restent invisibles depuis la rue.
Piscine "Tournesol" (1975), Bernard Schoeller, architecte © Collection David LiaudPavillon de l'Arsenal
Piscine "Tournesol" (1972). Bernard Schoeller, architecte. De 1971 à 1973, des études sur les piscines découvrables aboutissent à la production d’un modèle agréé par le secrétariat d’État à la Jeunesse et aux Sports.
On y retrouve le principe d’une grande halle à deux versants couvrant le bassin principal, avec panneaux coulissants posés sur les fermes du versant sud. Les annexes et autres éléments du programme sont regroupés dans un corps de bâtiment indépendant et reproductible, afin de faciliter l’implantation de l’équipement sur des terrains très divers.
Piscine Roger-Le-Gall (1967), Roger Taillibert, architecte, 1967. Ville de Paris, maître d’ouvrage © Agence Roger TaillibertPavillon de l'Arsenal
Piscine Roger-Le-Gall, Paris 12e (1967). Roger Taillibert, architecte.
Première piscine parisienne à mettre en oeuvre une structure légère en câbles prétendus, suspendue à un mât central à partir duquel se déploie et se replie une membrane en polyester armée (supportée par des galets de chariot) couvrant une surface de 1 800 m2, dont un bassin de 50 x 15 m et un bassin de plongeon. Ce velum, rétractable les mois d’été, est mis au point avec l’aide de l’ingénieur Stéphane du Château.
La Plage d'Isle-Adam en 1934 (Val-d'Oise)
La piscine municipale de Levallois-Perret.
La baignade de la ville d’Issy-les-Moulineaux, sur l’île Saint-Germain, pont des Peupliers (aujourd’hui pont d’Issy).
Piscine des Amiraux (1930), Henri Sauvage, architecte © SIAF/Cité de l’architecture et du patrimoine /Archives d’architecture du XXe sièclePavillon de l'Arsenal
Piscine des Amiraux, Paris 18e (1930). Henri Sauvage, architecte.
Préoccupée par les questions d’hygiène et ayant fait de la pratique sportive et de la natation l’enjeu d’une nouvelle politique publique, la Ville demande à l’architecte de disposer une piscine au coeur de son nouvel immeuble à gradins, déjà expérimenté par l’architecte, rue Vavin, dans un programme de logements bourgeois.
L’édifice est un des grands moments de l’architecture moderne parisienne de l’entre-deux-guerres. Il résulte d’un choix distributif audacieux. L’utilisation du béton armé rend l’opération réalisable avec une nouvelle esthétique : la cour intérieure est remplacée dans sa partie basse par un bassin de 33 x 10 m, entouré de cabines et éclairé naturellement par des oculi.
Piscine de la Butte-aux-Cailles (1924), Louis Bonnier, architecte © SIAF /Cité de l’architecture et du patrimoine/Archives d’architecture du XXe sièclePavillon de l'Arsenal
Piscine de la Butte-aux-Cailles, Paris 13e (1924). Louis Bonnier, architecte.
Les innovations de cette piscine concernent à la fois les techniques de construction – emploi du béton armé pour former au-dessus du grand bassin une voûte en plein cintre supportée par sept arches légères et contrebutées par des arcs extérieurs – et la prise en compte de nouvelles considérations programmatiques et sanitaires.
Ainsi, pour accéder au(x) bassin(s) de natation, les baigneurs ont désormais l’obligation de passer par des douches et un pédiluve. Cela conduit Bonnier à dissocier les cabines du bassin. C’est la première fois en France qu’une telle séparation est réalisée, avec l’accès au bassin par la salle de propreté.
"Piscine des Tourelles" (1924), Louis Bévière, architecte © Roger Henrard/musée Carnavalet/Roger-ViolletPavillon de l'Arsenal
"Piscine des Tourelles", Paris 20e (1924). Louis Bévière, architecte. Le nouvel ensemble nautique des Tourelles construit pour les Jeux olympiques d’été de 1924 à Paris, comprend un bassin de 50 x 18 m, bordé de gradins pouvant accueillir jusqu’à 15 000 personnes.
Depuis le bassin des Tourelles, toutes les parisiennes auront désormais un vestibule avec caisse et distribution de linge, des cabines, des salles de propreté et des toilettes, les machines de chauffage, de filtrage, de ventilation et d’adduction d’eau.