A quoi ressemblaient les environs de la grotte de Chauvet il y a 36 000 ans ?

Majoritairement composée de graminées, la steppe recouvrait les paysages. Une couverture arborée pouvait se développer dans des zones abritées des vents froids venant du nord.

Régulièrement, la rivière Ardèche retrouve son méandre, en raison du débit d'eau important au moment des fontes de fin d'hiver ou encore des embâcles de matériaux formées au niveau de l'arche.

Le fond du méandre perdu ressemble à un marigot, un environ humide dans lequel les animaux, notamment ceux de la mégafaune, trouvent de la subsistance en abondance.
Dominant cet espace de vie au milieu duquel surgit l'arche naturelle du Pont d'Arc, le porche béant de la grotte constitue un point d'observation de premier choix. De plus, accéder à la grotte, lieu d'habitat de l'ours des cavernes, est facile grâce à la vire qui y mène.

Entre -29.000 et -21.000 ans, le porche de la grotte est fermée par plusieurs effondrements du versant supérieur. Le cône formé par les débris de ces mouvements de terrain ferme peu à peu la grotte. Aussi, alors que la grotte de Lascaux n'a pas encore été décorée, la grotte Chauvet est déjà entièrement fermée. Elle ne sera redécouverte qu'en 1994.

Les hommes ont été témoins de cette fermeture progressive.

Il y a 36.000 ans, le lion des cavernes partage le sommet de la chaîne alimentaire avec l'homme. Dans la grotte Chauvet, il est l'un des animaux les plus représentés et mis en scène.

Ce grand félin a inspiré nos ancêtres qui l'ont observé de très près jusqu'à s’identifier à lui comme l'attestent les sculptures d'êtres mi-homme mi-félin.

Plus grand que le lion d'Afrique, le lion des cavernes mesurait 2,50 m de long (sans la queue). Il ne possédait pas de crinière. Il disparaît il y a 10.000 ans avec la fin de la période glaciaire.

L'homme ne chassait pas le lion des cavernes. En revanche, il a pu en utiliser des dents pour fabriquer des parures dont il se vêtissait pour manifester un prestige au sein du groupe.

Plus grand animal terrestre de la dernière glaciation (-100.000 à -10.000 ans), le mammouth laineux est probablement le plus connu mais aussi l'animal le plus emblématique de cette période. L’étymologie du mot mammouth provient de l'estonien : « ma » pour Terre et « mut » pour taupe. Connus depuis l'époque médiévale, les premiers ossements sortis de terre sont à l'origine de cette ambiguïté.

Contrairement aux idées reçues, le mammouth laineux était plus petit que l'éléphant d'Afrique. Les mâles atteignaient une hauteur de 2,60 m pour une masse d'environ 4 tonnes. L'hyper adaptation du mammouth laineux au milieu très froid se constate par les faibles dimensions de la trompe, de la queue et des oreilles. L'animal possédait également un opercule anal qui pouvait se replier lors de froids intenses.

Le mythe de la chasse au mammouth ne relève pas d'une réalité archéologique. Opportuniste, l'homme pouvait occasionnellement consommer la viande de mammouth en la prélevant sur une charogne. Il exploitait également les ossements de l'animal pour fabriquer des outils, des armes et des parures. En Sibérie, l'homme utilisait les ossements pour fabriquer des cabanes qu'il recouvrait ensuite de peaux.

Le rhinocéros laineux n'était pas chassé et constituait une ressource peu exploitée par les hommes de la Préhistoire. Parallèlement, dans l'art préhistorique le rhinocéros laineux est très rarement représenté. Malgré cela, il tient une place très particulière au sein du bestiaire de la grotte Chauvet.

Animal très commun durant la Préhistoire, l'animal avait des dimensions impressionnantes : 2 m de hauteur, jusqu'à 3,60 m de long, pour une masse d'environ 1,5 à 2 tonnes. En outre, il était parfaitement adapté aux conditions climatiques très froides.

A l'exception de la grotte Chauvet qui est un cas très particulier avec 65 représentations de rhinocéros laineux, l'animal tient une place mineure dans l'art paléolithique. Dans les autres grottes ornées, on ne compte qu'une vingtaine d'individus.

L'ours est un animal très peu représenté dans le bestiaire des grottes ornées. L'homme l'a cependant côtoyé en partageant les mêmes lieux de vie pour lesquels les deux espèces étaient en compétition. Dans la grotte Chauvet, la présence de l'ours reste extrêmement visible grâce aux très nombreux vestiges (empreintes, bauges, polis de parois, ossements, dessins).

La morphologie de l'ours des cavernes est proche de celle des ours bruns actuels. Long d'environ 2,50 m, haut de 1,30 m au garrot, il mesurait jusqu'à 3 m de hauteur une fois levé sur les pattes arrières. Son poids pouvait atteindre 500 kg pour les grands mâles, 250 à 300 kg pour les femelles.

Le déclin des populations d'ours des cavernes a débuté il y a environ 50.000 ans et s'est définitivement produite 25.000 ans plus tard. Il semblerait que ni la chasse ni l'évolution du climat ne puissent expliquer exclusivement la disparition de cet animal.

En Europe, il existe trente sites archéologiques dont les ossements d'ours des cavernes sont lacérés de traces de découpe démontrant que la viande d'ours pouvait être consommée. L'animal pouvait être charogné et pas forcément chassé. Sa peau ainsi que ses dents sont utilisées pour constituer des parures.

Il n'existe pas de faits tangibles grâce auxquels il pourrait être montré que l'ours tenait une place majeure dans la spiritualité humaine. L'examen du matériel archéologique de sites européens n'appuie pas l'hypothèse d'une place symbolique particulière pour l'ours au sein des cultures humaines du Paléolithique supérieur. A ce jour, le culte de l'ours, entretenu depuis les années 1920, ne peut être confirmé par des faits archéologiques tangibles.

Les ossements d'ours dans la grotte Chauvet sont si nombreux et si bien conservés qu'une équipe scientifique a pu reconstituer le profil génétique d'un individu mort il y a 32.000 ans*. Cette étude a permis de mettre en évidence que l'ours brun, l'ours polaire et l'ours des cavernes avaient un ancêtre commun qui existait il y a 1,6 million d'années.

* Céline Bon et. al. (2008) - Deciphering the complete mitochondrial genome and phylogeny of the extinct cave bear in the Paleolithic painted cave of Chauvet, Proceedings of the National Academy of Sciences of the NSA, vol.105, n°45, pp.17447–17452.

Ce daim géant du Paléolithique se caractérise par ses ramures gigantesques qui atteignaient 3 m d'envergure. Disparu il y a environ 8000 ans, le mégacéros semble ne pas avoir tenu une place majeure dans la culture humaine paléolithique.

Cet animal est connu notamment grâce aux nombreux squelettes complets retrouvés dans les tourbières d'Irlande. D'une hauteur au garrot d'environ 2 m, ce cervidé géant se distinguait par l'envergure de ses bois qui pouvait atteindre 3 m.

Le mégacéros a été très peu représenté dans les grottes ornées. En outre, on remarque que les ramures sont souvent absentes des figurations de mégacéros. On en conclut que l'animal tenait une place mineure dans la spiritualité des hommes de la Préhistoire.

Le saviez-vous ?
Les mégacéros se sont éteints avec la fin de la dernière glaciation. Certaines populations semblent avoir migré vers le nord de l'Europe où des âges d'environ 7500 ans ont été acquis sur des ossements retrouvés sur l'Île de Man (Grande-Bretagne) et dans le sud de l'Ecosse. Des populations auraient pu survivre jusqu'à il y a 7000 ans au pied de l'Oural (Russie)**.

** P. A. Kosintsev (2003) - Findings of the Giant Deer Megaloceros giganteus in the Holocene of the Ural Mountains, Doklady Biological Sciences, May 2003, Volume 390, Issue 1-6, pp 237-238

En dépit de son mode de vie grégaire (en troupeau) et de sa masse imposante, le bison était une proie commune pour les hommes de la Préhistoire. Il est également, avec le cheval, l'animal le plus représenté dans l'art pariétal.

Le bison des steppes était plus grand que les bisons actuels. Haut d'environ 2,10m, son poids atteignait une tonne. La couleur de sa robe n'est pas connue mais devait être semblable à celle des bisons actuels.

Le bison était un animal emblématique des croyances des hommes de la Préhistoire. Ce grand animal est très souvent représenté dans les grottes ornées. La grotte Chauvet renferme 31 représentations de bisons. La plupart se trouvent dans la grande fresque de la Salle du Fond où ils sont mis en scène pourchassés par un groupe de lions des cavernes.

Félin de taille moyenne avec des pattes courtes, des pattes larges et une longue queue, la panthère des neiges vivait en Ardèche il y a 36.000 ans. Aujourd'hui ce félin vit sur les contreforts de l'Himalaya.