De la musique galicienne pour la bande originale de votre Chemin

Une sélection de propositions actuelles pour découvrir comment les racines musicales de la Galice sont revisitées depuis une perspective traditionnelle, folk, jazz, électronique, trap ou rock.

La musique est présente sur le chemin de Compostelle depuis ses origines : le Codex Calixtinus lui-même inclut la notation de 22 pièces polyphoniques à caractère liturgique du XIIe siècle. À la fin de ce siècle-là et au début du XIIIe est apparue au nord-ouest de la péninsule Ibérique la poésie chantée galaïco-portugaise, qui introduisait des compositions satiriques et à thématique amoureuse.

Une multitude de troubadours ont composé des poèmes destinés à être chantés dans la langue qui a donné naissance au galicien et au portugais. La Galice jouit d’une longue tradition musicale, dont les racines plongent aussi bien dans la poésie populaire que dans les compositions médiévales réunies dans des cancioneros (recueil de poèmes médiévaux).

Parchment Vindel: manuscript of the cantigas de amigo by Martín Códax, 13th Century, Source d'origine : The Morgan Library & Museum
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Nous vous proposons de faire un saut dans le temps pour découvrir la musique qui se fait aujourd’hui en Galice. Depuis des genres et des conceptions très différentes, elle reste liée à la musique traditionnelle, selon une approche toujours axée sur le passé, le présent et le futur. Nous vous invitons à composer la bande originale de votre Chemin.

Des compositions médiévales qui swinguent...

Pendant la seconde moitié du XIIIe siècle, ont été composées en galaïco-portugais, à la cour d’Alphonse X le Sage, roi de Castille et León, les Cantigas de Santa María, l’un des recueils de poésie lyrique médiévale les plus importants d’Europe. Le disque Ben vennas maio de Pablo Sanmamed les interprète sur des airs de jazz.


Santa Maria, strela do dia,
mostra-nos via
pera Deus e nos guia.

(« Santa María, étoile du jour,
montre-nous la voie
vers Dieu et guide-nous. »)

... et qui donnent envie de bouger

Le parchemin Vindel es un document médiéval réunissant sept cantigas de amigo, des chansons d’amour mises dans la bouche d’une femme, composées par le troubadour galicien Martin Códax. Elles sont encore tellement d’actualité qu’elles font l’objet de versions dans tous les genres. Laura Lamontagne & Pico Amperio habillent d’électronique « Banharemonos nas ondas » :


Quantas sabedes amar amigo
treydes comig' a lo mar de Vigo:
E banhar-nos-emos nas ondas!

(« Comme vous savez aimer un ami,
venez avec moi jusqu’à la mer près de Vigo.
Et nous nous baignerons dans les vagues ! »)

Au-delà de la poésie culte, la tradition musicale de Galice possède de profondes racines orales. Elle s’est transmise et a évolué au fil des siècles. Baiuca a triomphé en ajoutant des textures électroniques à des morceaux comme ce « Caroi ». Ses couchent sonores se marient avec le rythme marqué par les pandeiras (tambourins), la grosse caisse, la poêle et la houe de Xosé Lois Romero et Aliboria.


Baila aqui, baila aqui, minha nena
Baila que não há pó nem areia

(« Danse ici, danse ici, danse ma belle,
qu’il n’y a ni poussière ni sable. »)

Tradition et son industriel

Mercedes Péon est LA référence en matière de musique traditionnelle associée à des sonorités électroniques. Elle a ouvert la voie après des années passées à réunir des chansons traditionnelles dans les campagnes. Sa proposition avant-gardiste se renouvelle disque après disque, comme dans ce « Déixaas » :


E agora que me collestes
e agora que xa o sabedes,
agora que me faredes?

(« Et maintenant que vous m’avez attrapée,
et maintenant que vous le savez,
maintenant qu’est-ce que vous me ferez ? »)

Une musique atemporelle...

Xabier Díaz appartient à la même génération que Mercedes Peón. Également compositeur et chercheur, il fait partie de Berrogüetto, groupe phare du folk galicien. Il associe désormais sa voix expressive à celles d’Adufeiras de Salitre pour revisiter des chansons traditionnelles et les moderniser, sans avoir à les électrifier.


Bailade nenas, bailade / Que o voso bailar me alegra
Se o voso bailar non fora / Non estaba nesta terra.

(« Dansez demoiselles, dansez / Car votre danse me réjouit
Si votre danse n’existait pas / Je ne serais pas sur cette terre. »)

... sans date de péremption

Chaque année, des centaines de seráns sont organisées dans toute la Galice. Il s’agit de fêtes populaires nocturnes où les gens dansent sur de la musique traditionnelle, grâce à des groupes et des associations qui assurent la vitalité de la musique traditionnelle en évitant sa « folklorisation ». Carapaus et sa « Muiñeira e Xota do Viqueira » témoignent bien de cet esprit.

Autres sonorités

Les gaitas (sorte de cornemuses) et les percussions, notamment les pandeiretas (tambourins) occupent une place importante dans la musique traditionnelle galicienne. Mais l’éventail d’instruments utilisés est large, comme le prouvent l’accordéon chromatique et le violon de Caamaño-Ameixeiras. Dans cette chanson, ils rendent hommage à Florencio, O Cego dos Vilares, le dernier violoniste itinérant de Galice, qui a parcouru la région avec ses chansons populaires et ses complaintes jusque dans les trente dernières années du XXe siècle.

Paroles et voix

Une nouvelle génération d’artistes explore la mémoire collective et les archives familiales pour dégager la matière première de sa musique. Faia met l’accent sur les mots et la voix et explore leurs sonorités et la manière dont elles se mêlent à l’environnement sonore. C’est le cas de cette interprétation réalisée au sein du monastère de Santa María a Real de Oia, sur le Chemin portugais de la côte. 


Aluméame luniña, / aluméame lunare
Aluméame luniña, / que me van a paseare.

(« Éclaire-moi, petite lune / éclaire-moi, quartier de lune Éclaire-moi,
petite lune / car on va m’emmener » [exécuter].)

Tradition liquide

La voix est aussi l’instrument principal de Tanxugueiras, un trio de cantareiras qui domine le répertoire traditionnel et ne craint pas de s’essayer à de nouveaux sons. Dans « Midas », la musique traditionnelle se mêle à des sonorités pop et de R’n’B, avec des paroles intemporelles sur l’émancipation féminine.


Vai de aí home pequeno / esterco do meu corral
que te poñen a vender / aínda non das un real.

(« Va-t’en petit homme / ordure de ma basse-cour,
si on te met en vente / personne ne donne un sou pour toi. »)

Muiñeira rock...

Rock dur, ska, rock indie, rock ’n’ roll, metal, punk… Le rock sous toutes ses facettes jouit d’une grande vitalité en Galice. Groupes confirmés et révélations affûtent leurs guitares et incorporent souvent des gaitas (sorte de cornemuses), des pandeiretas (tambourins), des vielles à roues… ou composent leurs thèmes sur des rythmes de muiñeira, comme celui-ci de Terbutalina.


Cántolle ao demo, cántolle ao espírito santo
se non tes ninguén que che cante
eu cántoche encantado

(« Je chante au démon, je chante à l’Esprit-Saint,
si personne ne chante pour toi,
je suis enchanté de chanter pour toi »)

... et muiñeira trap

La muiñeira est l’une des danses traditionnelles les plus caractéristiques, aux multiples expressions. Boyanka Kostova associe gaitas (cornemuses), auto-tune et sens de l’humour dans cette impertinente « Muinheira de interior » sur un rythme de trap.


Unha noite no muiño, / Unha noite non é nada,
Unha semaniña enteira, / Eso si que é muiñada.

(« Une nuit au moulin, / Une nuit ce n’est rien,
Une semaine entière, / Ça c’est du moulage. »)

La saison des bals populaires

Depuis le XIXe siècle, la musique galicienne a intégré des rythmes originaires d’Amérique et d’Europe, comme des pasodobles, des polkas et des rumbas, qui triomphaient dans les fêtes populaires de chaque époque. À l’heure actuelle, c’est la cumbia qui est à la mode. Malandrómeda l’aborde depuis le hip-hop avant-gardiste dans son hommage particulier aux bals populaires.


As chavalas están bonitas, os rapaces van elegantes
Esta noite está doente
Bótalle un baile, mételle o dente!

(Les filles sont jolies, les garçons sont élégants
La soirée est endiablée
Danse ! Croque-la à pleines dents ! »)

La liste des artistes et des styles est interminable et, naturellement, tous ne sont pas issus de la musique traditionnelle. Folk, pop, rock, électronique, musique de chambre... Des connexions avec la musique celte, anglo-saxonne et celle des pays de langue portugaise. Des regards introspectifs et des hymnes populaires. « Porque ti es todas as posibilidades » « (Parce que tu es toutes les possibilités »), chante Chicharrón.

Crédits : tous les supports
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