La Fille au Chapeau Rouge

Ce tableau n'est pas un portrait, mais un "tronie", c'est-à-dire la représentation d'un personnage ou d'un type particulier. Une jeune femme se retourne sur sa chaise et nous regarde par-dessus son épaule.

Son bras repose sur le dossier orné de têtes de lion sculptées dans le bois.

Avec "La Jeune Fille à la flûte", cette œuvre fait partie des plus petites toiles réalisées par Johannes Vermeer. Il s'agit également des deux seuls tableaux qu'il a peints sur des panneaux. Ces deux œuvres représentent une jeune femme portant un chapeau atypique, assise sur la même chaise et avec une tapisserie en arrière-plan.

Étant donné ces points communs et le style de peinture similaire, il a plusieurs fois été suggéré que ces deux toiles allaient de pair. Leur taille diffère néanmoins, ce qui rend cette hypothèse improbable.

Un chapeau extravagant
Le chapeau rouge foncé de la jeune femme attire immédiatement l'attention. Il est toutefois difficile de déterminer la matière dont il est constitué. À l'époque de Johannes Vermeer, les chapeaux étaient fabriqués en velours ou en fourrure de castor feutrée. Celui-ci semble avoir été réalisé à partir d'une étoffe de qualité ornée de plumes.

Ses larges bords projettent une ombre sur la partie supérieure du visage de la jeune femme. Seule la pointe de son nez reflète la lumière.

Des lèvres expressives
Les lèvres de la jeune femme reflètent également la lumière. Elles sont légèrement entrouvertes, laissant deviner ses dents. Les reflets blancs sur sa lèvre inférieure donnent l'impression qu'elle est humide et légèrement avancée.

Sous l'ombre projetée par son chapeau, ses yeux brillent dans notre direction grâce aux mêmes reflets blancs. Ces petites touches égayent le tableau, de la même manière que dans "La Jeune Fille à la perle".

Des perles familières
Les boucles d'oreilles en perles sont caractéristiques de l'œuvre de Johannes Vermeer. Comme cela était souvent le cas, il a peint sur cette jeune fille des boucles d'oreilles d'une taille invraisemblable. Il s'agit peut-être de fausses perles, qui à l'époque étaient fabriquées à partir de verre ou de métal peint. Mais en tant que peintre, Johannes Vermeer pouvait bien sûr donner libre cours à son imagination et peindre des perles aussi grandes qu'il le voulait.

Un bleu brillant
L'artiste a dessiné les plis de la tenue bleue de la jeune femme en utilisant une teinte jaune pour créer un contraste.

Sur la manche, on peut distinguer un motif. Pour Johannes Vermeer, le lustre de l'étoffe était manifestement plus intéressant que ses détails.

Deux lions
L'attention que le peintre porte au reflet de la lumière est également visible dans les têtes de lion sculptées dans le bois à chaque extrémité du dossier de la chaise.

Ces ornements correspondent à ceux de la chaise utilisée pour "La Jeune Fille à la flûte", mais ils sont reproduits ici de manière plus détaillée.

Étant donné qu'une attention considérable a été portée au reflet de la lumière, et que le tableau dans son ensemble semble obscur et flou, certains experts ont avancé l'hypothèse selon laquelle Johannes Vermeer se serait servi d'un instrument optique pour le réaliser. Grâce à l'objectif d'une chambre noire, un peintre pouvait projeter l'image illuminée d'une composition sur une surface plane, telle qu'un panneau ou une toile.

Un aspect mat contrasté
Les parties lumineuses du tableau sont accentuées par la tapisserie mate visible à l'arrière-plan.

Sur celle-ci on distingue deux personnages de grande taille.

Le motif du décor semble correspondre aux tapisseries réalisées à la fin du XVIe siècle dans le sud des Pays-Bas. Johannes Vermeer a souvent dépeint des tapisseries datant de cette période.

Un monogramme
Johannes Vermeer a incorporé son monogramme dans le motif de la tapisserie. Les lettres "IVM" sont visibles dans l'angle supérieur gauche du tableau.