La cité béarnaise du sel

Salies-de-Béarn, située dans les Pyrénées-Atlantiques, doit son nom à l'or blanc que l'on y trouve : le sel. Puisé dans plusieurs fontaines jaillissant au cœur de la ville, il fait la richesse de ses habitants depuis des millénaires.

Place du Bayaà à Salies-de-BéarnFondation du patrimoine

Si you nou eri mourt, arres n'y bibéré : Si je n'y étais pas mort, personne n'y vivrait.

Voilà la devise gravée au centre de la cité béarnaise de Salies. Elle rappelle ainsi les origines légendaires de la découverte du sel qui fait sa richesse.

Selon la tradition locale, c’est au cours d’une chasse, menée par Gaston Phœbus , illustre comte de Foix du XIIIe siècle, qu’un sanglier touché par une flèche est perdu dans les marais environnants.

Reproduction d'un sanglier pétrifié dans le selFondation du patrimoine

L'animal est retrouvé quelques jours plus tard, couvert d’une fine pellicule brillante formée par les cristaux de sel après évaporation de l’eau.

Il prononce avant de rendre l'âme cette phrase en béarnais : Si you nou eri mourt, arres n'y bibéré
Les eaux salines sont découvertes permettant la fondation d'une ville prospère.

Les fontaines du SaleysFondation du patrimoine

En réalité, les eaux salées de cette région du Béarn sont connues et exploitées dès l’Âge du Bronze. À l’époque romaine, déjà, elles sont utilisées pour en extraire le sel mais également pour des soins thermaux.

Le travail du sel à Salies-de-Béarn par SauleFondation du patrimoine

Au Moyen Âge, la ville s’organise, « en escargot » autour de la place centrale du Bayaà où surgit la source principale de la ville. Les habitants sont tous copropriétaires de la source salée.

Au fil des siècles, des règles d'exploitation de l’eau sont établies, jusqu’en 1587, date à laquelle elles sont inscrites dans le Livre Noir de la ville.

Les propriétaires de la source prennent alors le nom de « Parts-Prenants de la Fontaine Salée ».

Les journées sont rythmées au son des cloches qui annoncent la puisée de l’eau salée dans des sameaux, cuves en bois de 92 litres environ. Les porteurs de ces sameaux sont appelés les tiredous.

Le musée du sel de Salies-de-BéarnFondation du patrimoine

Les sameaux sont déversés dans les coulédés, réservoirs extérieurs aux maisons qui acheminent l’eau vers les poêles privés permettant l’extraction du sel.

Il existe encore quelques-uns de ces coulédés dans la ville, comme ici au musée du sel, dont la restauration a été soutenue par la Fondation du patrimoine.

Les berges du SaleysFondation du patrimoine

Le nombre de sameaux par habitant est régi par le Livre Noir, il est inscrit dans le Compte de Saüce.

Il est fonction du statut marital et de la place de chacun dans la fratrie. En temps normal, les héritiers sont toujours les aînés masculins, mais, si elles n'ont pas de frères, les femmes peuvent devenir Part-Prenant.

Pour être Part-Prenant il faut également résider depuis au moins 6 mois dans Salies, dont les limites sont définies par le Saleys.

Étapes de production du selFondation du patrimoine

Aujourd’hui, l’exploitation du sel est semi-industrialisée, mais les Parts-Prenants en sont restés bénéficiaires. Les règles de succession et de propriété de 1587 s’appliquent toujours.

Exploitation du sel des Salines de Salies-de-BéarnFondation du patrimoine

Les hommes récoltent à la main la fleur de sel qui se forme à la surface de l'eau lorsque celle-ci est chauffée à 83°C dans les bassins appelés poêles à sel.

Les salines de Salies-de-Béarn : usine de production du selFondation du patrimoine

Le gros sel, quant à lui, se dépose au fond de la poêle. Il est pêché mécaniquement de manière quotidienne, puis égoutté et séché naturellement.

Sel récoltéFondation du patrimoine

Le sel ainsi récolté à Salies-de-Béarn est l'un des plus purs au monde. Sa blancheur est naturelle contrairement au sel marin gris.

Ces spécificités lui ont valu de recevoir de l'Union Européenne le label IGP (Indication Géographique Protégée).

Par ailleurs, le Jambon de Bayonne ne peut porter ce nom que s'il est salé avec le sel de Salies-de-Béarn.

Le kiosque à musique au coeur du jardin public (c.1894), BourdetteFondation du patrimoine

Au milieu du XIXe siècle, le sel de Salies perd du terrain face à l'exploitation moins coûteuse du sel de mer.

Les parts-prenants décident alors de renouer avec une activité antique : le thermalisme.

L’établissement thermal est fondé en 1857. Il est alimenté par les eaux des sources salées Bayaà et Reine Jeanne d'Oràas.

Le médecin de Napoléon III, Jean-Brice Coustalé de Larroque, est originaire de Salies-de-Béarn. Il vente auprès de la meilleure société parisienne les bienfaits des eaux salées de sa ville natale, contribuant à parfaire sa renommée.

Le grand hôtel du Parc (c.1892), Xavier Saint-GuilyFondation du patrimoine

L'arrivée de cette clientèle aisée entraîne la construction d'Hôtels de luxe, dont le Grand Hôtel du Parc est encore l'un des plus beaux témoins.

Aujourd'hui, son atrium sous verrière abrite le casino de la ville. Il est inscrit Monument Historique depuis 1995.

Carte postale de l'Hôtel de France et d'Angleterre (1884), Rosita MauriFondation du patrimoine

Le symbole de la renommée thermale de Salies-de-Béarn est l'Hôtel de France et d'Angleterre.

Construit en 1884 pour Rosita Mauri, danseuse étoile de l’Opéra de Paris, guérie d’une blessure à Salies-de-Béarn, cet hôtel voit séjourner en ses murs de nombreuses personnalités dont le peintre Édouard Manet ou encore Gustave Eiffel.

Hôtel de France et d'AngleterreFondation du patrimoine

L'Hôtel de France et d'Angleterre est malheureusement ravagé par les flammes en 1998.
Ses propriétaires ne font pas les travaux nécessaires pour sa restauration. Lorsque la municipalité rachète l'ensemble en 2018, les murs menacent de s'écrouler.

L'Emission Patrimoine - L'Hôtel de France et d'AngleterreFondation du patrimoine

C'est dans ce contexte d'urgence que la Mission Bern fait de ce lieu un de ses projets emblématiques pour l'année 2018.

Hôtel de France et d'AngleterreFondation du patrimoine

En 2020, grâce à l'argent récolté avec le soutien de la Fondation du patrimoine, les travaux d'urgence ont pu être effectués. L'ensemble des murs a été sécurisé et l'hôtel ne risque plus de s'effondrer.

La municipalité réfléchit désormais à un projet de réhabilitation des lieux.

Salies-de-Béarn et son selFondation du patrimoine

Redécouvrez en vidéo l'histoire de Salies-de-Béarn et de son sel.

Crédits : histoire

Tous nos remerciements à Cécile Bergez, directrice de l'Office de tourisme Béarn des Gaves et à Jean Pierre Dufourcq Brana pour leur aide précieuse dans l'élaboration de ce contenu.

Pour soutenir la Fondation du patrimoine dans ses actions de restauration suivez ce lien.

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