Conception : Le Centre d'Art - Haïti
Le Centre d'Art - Haïti
Etienne Chavannes, peintre du Cap-haïtien
La peinture d’Etienne Chavannes est une peinture descriptive, dans la droite lignée des artistes de l’Ecole du Cap. La foule y envahit les scènes de vie à la capoise : fêtes paroissiales, mariages, funérailles, manifestations, événements sportifs, etc. Etienne Chavannes nous donne à voir sa ville telle qu’il la vit au quotidien, active et en mouvement incessant. Il peint également des scènes d’Histoire, de la fondation d’Haïti à la période duvaliériste. L’œuvre d’Etienne Chavannes, loin des qualificatifs naïfs qui peuvent y être associés, comporte une portée historique et sociologique profonde. A travers ses œuvres, c’est la grande et la petite histoire d’un peuple qui se lit.
Révolte sur les quais (1994), Etienne CHAVANNES et Etienne CHAVANNESLe Centre d'Art - Haïti
Étienne Chavannes et «l’École du Cap-Haitien» : étude stylistique Par Jean Hérald Legagneur
Les caractéristiques formelles et iconographiques des œuvres des artistes de l’École du Cap les rendent immédiatement reconnaissables. Ces artistes ont produit des images efficaces dans la mesure où ils ont réussi le pari de créer de l’animation à partir des images vivantes comme si celles-ci pouvaient donner lieu à un dialogue, ce grâce à leur « capacité à prendre corps dans leur médium ».
Il en résulte que la fabrique de l’image, « acte symbolique » ayant à la fois une dimension sociale et esthétique, en plus d’être un phénomène de l’imaginaire plastique, constitue aussi une catégorie du style surtout lorsqu’elle participe de ce qu’il importe de nommer avec Jean Baudrillard un échange symbolique[1]. Un échange qui, selon Hans Belting, « s’effectue dans l’espace social et qui agit, à l’égard des représentations mentales, à la fois comme question et réponse[2] », c’est-à-dire comme moyen de connaissance véhiculée sous une forme autre que le texte écrit. En ce sens, l’on comprend que les images représentées dans les peintures de Chavannes et de l’Ecole du Cap produisent de nouveaux affects et rendent possible une opération mentale que les mots ne sont susceptibles d’accomplir mais dont l’image seule peut rendre compte. Car, elles opèrent une double action qui consiste, d’une part, à affecter la perception iconique des regardeurs et d’autre part, à susciter de l’animation parmi eux.
[1]Voir Baudrillard, Jean. L’échange symbolique et la mort, Paris : Gallimard, 1976.
[2]Belting, Hans. Pour une anthropologie des images. Paris : Gallimard, 2004, p.18.
Offrande à St Jacques par Etienne CHAVANNES et Etienne CHAVANNESLe Centre d'Art - Haïti
Ces images affirment ainsi quelque chose qui touche à la mémoire collective. Par mémoire collective, il faut entendre ce que Belting appelle des « archives visuelles » qui produisent du sens dans la société en même temps qu’elles en acquièrent. Or tout le problème réside dans ce que ces archives visuelles, en raison même de leur efficacité, récusent toute possibilité de les percevoir, de les aborder et de les approprier comme une affaire privée. Elles ont donc été construites pour déborder ce cadre, voilà pourquoi elles provoquent une sorte de ressassement du goût d’antan.
À ce stade, Étienne Chavannes et ses homologues de l’école du Cap prêtaient donc aux images qu’ils ont eux-mêmes produites en écho à leurs « archives visuelles » une signification collective qui transcende toute perception individuelle, bannit toute sorte de réminiscences personnelles ou groupales. Ils participent donc d’une « expérience iconique » et stylistique dont ils sont certes les architectes mais qui pourtant n’est qu’une configuration collective. Autant dire qu’un sens artistique ou un but esthétique y a ainsi été forgé en raison de la dynamique qui se crée dans et autour de ces œuvres par les valeurs qu’elles portent et véhiculent en même temps. De ce point de vue, le style de Chavannes allié à celui de l’École du Cap sollicitent de tous ceux qui y prêtent attention, une compréhension qui doit être en adéquation avec ce qu’il représente symboliquement en tant que manière qui charrie autant de motifs et développe avec l’homme haïtien et sa société autant de complicité et de réciprocité via la représentation des schèmes de la réalité socioculturelle haïtienne. D’où, entre l’activité artistique et la société, il se tisse un rapport profond qui relie l’une à l’autre et qu’il y a lieu de connaître en raison du « rôle de l’art au sein du vivre-ensemble », - la relation art et société, à la fois comme démarche artistique et comme « dimension critique et éducative[1] ». D’où également la question centrale de savoir : « Par quel moyen pourrions-nous associer la puissance sociale de l’art avec une action militante, socio-éducative, pédagogique ou philosophique ?[2] »
[1] Lachaud, Jean-Marc. Art et aliénation. Paris : PUF, 2012, p. 32.
[2]Ibid.
Dans la nuit du 14 aout 1971, Boukman organise une grande cérémonie rassemblant un grand nombre d’esclaves. La prêtresse Mambo Cécile, plonge un couteau dans un cochon noir créole et le sacrifie. Les autres esclaves assistants boivent le sang du cochon créole afin de devenir invulnérables. Boukman ordonne alors le soulèvement général. Ce soulèvement a lieu la nuit du 21 au 22 aout. Il marque le début de la révolution haïtienne.
La bataille de Vertières s'est déroulée à Vertières à l’entrée de la ville du Cap-Haitien à l’époque appelée Cap-Français dans le Nord d’Haïti le 18 novembre 1803.
Bataille qui opposa l’armée commandée par le général français Rochambeau de son vrai nom Donatien-Marie-Joseph de Vimeur, vicomte de Rochambeau à celle du général de la Révolution haïtienne Jean-Jacques Dessalines
Etienne Chavannes nous fait revivre à travers cette peinture le lendemain de la chute du dictateur Jean-Claude Duvalier, le 7 février 1986.
Au matin du 7 février, la liesse populaire gagne rapidement les rues de Port-au-Prince. De nombreuses personnes agitent banderoles et panneaux scandent des slogans.
Champêtre Limonade (1996), Etienne CHAVANNES et Etienne CHAVANNESLe Centre d'Art - Haïti
Etienne CHAVANNES (1939 - )
- 15 juillet 1939 : Etienne Chavannes, aîné d’une famille de huit enfants, nait au Cap-Haitien, deuxième ville de la république d’Haïti.
- 1964 : Il commence à aider son père dans les activités de spéculation de café et de cacao pour l'exportation. Il devient lui-même spéculateur, importateur et exportateur.
- 1967 : Il abandonne le commerce et part travailler pour le SNEM (Service National d'Eradication de la Malaria) à Petit-Goâve, située dans le département de l'Ouest d’Haïti. - 1970 : Etienne Chavannes revient au Cap-Haitien, attiré par l’idée de pratiquer la peinture, il réalise sa première œuvre.
- 1971 : Néhémy Jean, critique d’art, galeriste et peintre reconnu, devient son principal conseiller. Il le guide dans le choix des couleurs, le jeu d’ombres et de lumière, la composition. La vie quotidienne à la campagne l'intéresse, qu'il s'agisse d'un mariage, d'une parade maçonnique, de fêtes paroissiales, de manifestations, ou d'un match de football. Il peint systématiquement des foules.
- 1971 : Etienne Chavannes rejoint le Centre d’Art de Port-au-Prince.
- 1978 : Année charnière pour Etienne Chavannes. Il participe à l’exposition historique d’art haïtien au Brooklyn Museum de New York. Cela marque le début de son succès. Il sera dès lors présent dans la plupart des expositions d’art haïtien à l’international (France, l’Allemagne, Belgique).
Parade militaire par Etienne CHAVANNES et Etienne CHAVANNESLe Centre d'Art - Haïti
- 1994 : Jonathan Demme, réalisateur américain renommé et passionné d’art haïtien organise l’exposition Haïti: Three Visions à The Art Gallery of Ramapo College of New Jersey (USA). Etienne Chavannes est l'un des trois artistes avec Edger Jean-Baptiste et Ernst Prophète à être présenté.
- 1997 : Trois tableaux d’Etienne Chavannes issus de la collection permanente de Jonathan Demme participent à l’exposition Island On Fire: Passionate Images of Haïti à The Equitable Gallery à New York (USA) :‘‘Retour de président Aristide au palais national 15 octobre 1994’’, ‘‘La maison du diable’’, ‘‘ Un homme infirme qui aime travailler mieux pour occuper sa famille’’ - 1997: Etienne Chavannes participe à l’exposition Haitian Art: Twenty Years of Collecting at the Waterloo Museum of Art 1977-1997.
- 2005 : Etienne Chavannes fait partie des artistes haïtiens et congolais participant à l’exposition Peinture et imaginaire collectif du Congo-Kinshasa et d’Haïti organisée par la Chaire de recherche du Canada en histoire comparée de la mémoire, dans le cadre du projet entre Haïti-Congo visant à confronter les imaginaires et les expériences des sociétés congolaise et haïtienne, à partir de la création plastique. La démarche de ce projet consistait à donner à voir aux uns ce que font les autres (exposer des œuvres, observer et écouter les réactions, et aussi, de provoquer des débats, mettre en contact des créateurs des deux pays, les porter à dialoguer, à échanger, à travailler ensemble).
- 2006 : Etienne Chavannes participe à l’exposition Allegories of Haitian Life from the Collection of Jonathan DEMME à Bass Museum of Art de Miami, Floride (USA)
- 2008 : Francine Murat, directrice du Centre d’Art, décerne à Etienne Chavannes un certificat pour avoir été ‘un franc artiste du Centre d’Art’ depuis 1971.
- 2013 : Fatigué, Etienne Chavannes dit se retirer de la scène artistique haïtienne.
- 2018 : Exposition vente en hommage à la carrière d’Etienne Chavannes organisée au Centre d’Art en partenariat avec la famille Chavannes.
Commissariat : Louise Perrichon Jean, Clémence Leconte
A l’artiste Etienne Chavannes, sa famille et ses enfants :
Emmanie Louis
Marie-Michelle Casimir
Guirlande Chavannes
Léon Chavannes
Judith Chavannes
Sofia Chavannes
Clarine Chavannes
Clarck Chavannes
Sherley Chavannes
Flavie Chavannes
Une famille éclairée, soudée et bienveillante auprès d’un père chéri.
A Néhémie Jean pour ses précieux conseils et à Francine Murat pour son soutien sans faille.
A nos mécènes principaux, supports indéfectibles depuis 2010 et grands acteurs du processus de renaissance du Centre d’Art :
La FOKAL avec un remerciement spécial à Lorraine Mangonès et Michèle Pierre-Louis,
La fondation Daniel et Nina Carasso avec un remerciement spécial à Marina et Sacha Nahmias, Marie-Stéphane Maradeix et Philippe-Loïc Jacob.
Aux membres du Conseil d’Administration du Centre d’Art :
Axelle Liautaud, Mireille P. Jérôme, Christine Chenet, Gisèle Fleurant et Daniel Dorsainvil.
A Carlo A. Celius, membre de notre conseil scientifique et à Jean Hérald Legagneur pour sa contribution.
A l’équipe du Centre d’Art :
Wendy Désert, Love-Mary Coqmar, Pétion Jeanty, Francklin Thony, Samuel Saintinor, Alex Bellefleur, Judith Michel, Clémence Leconte, Gasner François.
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