Connu en France comme le revolver dit 1892 espagnol, ce revolver, produit par Trocaola, Aranzabal y Compania, est en fait une copie du revolver Smith & Wesson Military & Police chambré pour la cartouche française de 8 mm destinée au revolver d'ordonnance modèle 1892 en dotation dans l'armée française. Pour pallier le manque d'armes de poing au début de la Première Guerre mondiale, la France a donc acheté ce type de revolver fabriqué en Espagne qui a continué à servir durant la Seconde Guerre mondiale.
Cette arme a servi à Henri Marty durant la bataille de Bir Hakeim. Né le 12 octobre 1922 à Constantine, il s'est engagé dans la France libre à Beyrouth le 7 août 1941. Affecté à la 22e compagnie nord-africaine, constituée avec des tirailleurs nord-africains ralliés à la France libre après la campagne de Syrie contre les troupes de Vichy, Henri Marty fait partie des 3 703 hommes de la 1re brigade française libre du général Koenig qui ont tenu tête pendant 15 jours (26 mai - 11 juin 1942) aux attaques répétées des troupes de Rommel (15. et 21. Panzer-Divisionen, 90. leichte Afrika Division, 132e division blindée Ariete et 101e division motorisée Trieste). Il témoigne de l'intensité des combats : « Dans mon trou individuel, équipé d'une mitrailleuse Hotchkiss, en attendant mon tour d'entrer en action, je regardais comme d'habitude les servants d'un Bofors implanté à 50 mètres ». Soudain, une bombe de Stuka détruit le canon de 40 mm Bofors et tue les fusiliers-marins qui le servaient. « C'est avec une peine infinie et la rage au ventre que j'assistais à ce drame. Inutile de dire qu'après ces bombardements aériens et la traditionnelle attaque des fantassins italo-allemands et des chars qui s'en suivit, j'ai tiré comme un forcené et n'ai repris mes esprits qu'une fois l'ennemi repoussé ! ».