Bien que d’origine genevoise, considéré, par les nîmois, comme un des plus grands sculpteurs du Midi de la France, vers lequel il sera toujours attiré, du fait des origines languedocienne de sa famille. Son attachement à la province lui vaut de nombreuses commandes de la ville. Musée possède nombre conséquent d’œuvres, un des fonds Pradier les plus importants d’Europe, après celui de Genève.
En 1844 pendant le programme de renouvellement urbain autour de l’avenue Feuchères, la municipalité prend la décision d’aménager l’Esplanade en programmant la construction d’une fontaine monumentale. Emplacement stratégiquement choisi au commencement de l’avenue Feuchères, sur l’Esplanade, dans l’axe de la Gare du chemin de fer. Quartier est marqué par le nom du général-baron de Feuchères qui a permis à Pradier de faire déposer son marbre La Poésie légère au sein du musée municipal, alors installé dans la Maison Carrée.
Concours lancé en décembre 1844, projet de l’architecte Charles-Auguste Questel est choisi en mars 1845. Pradier est choisi pour la décoration de cette fontaine et chargé de réaliser les 5 figures allégoriques monumentales, sur lesquelles il travaille dès août 1845. Chargé le plus tôt possible d’exécuter une maquette au 1/10e du projet final. Travaux débutent dès le mois de janvier 1847. L’allégorie de la Ville de Nîmes est la 1e figure achevée. Mise en place mai 1850, tandis que les 4 allégories : Nemausa, Ura, Le Gardon et Le Rhône, sont placées en juillet de cette même année. L’inauguration a lieu le 1er juin 1851. De 1969 à 1970 fontaine est démontée en attendant la construction d’un parking souterrain, puis remise en place. Projet à la fois sculptural et architectural s’inscrit dans les innombrables campagnes d’embellissement urbain commencées dès le début du XIXe siècle. La sculpture devient très vite un art public, un moyen de diffusion du « culte des grands hommes ». Parmi ces programmes d’embellissement urbain nous citons en première ligne les fontaines, qui participent grandement à l’enrichissement des voies publiques. Le côté pratique est vite rattrapé et devancé par le côté artistique.
Autour de la figure de la Ville de Nîmes, une grande polémique et d’innombrables questionnements sont venus se greffer, par rapport à son visage, fort ressemblant à celui de Juliette Drouet, ancienne compagne de Pradier. Après achèvement de la fontaine, certains sont persuadés qu’il s’agit du portrait de celle avec qui Pradier a eu une fille, et qui l’a quitté pour Victor Hugo. Les avis divergent, les discussions fusent. Quelques années auparavant, le sculpteur avait déjà suscité les questionnements et le scandale par son allégorie de la Ville de Strasbourg, exécutée en même temps que celle de Lille en 1836-1838 sur la Place de la Concorde. Cette figure ne montrait pas une pose conventionnelle aux allégories, mais la pose d’une femme quelconque, réaliste, dont les traits du visage semblaient correspondre fortement à ceux de Juliette Drouet. Nous pouvons donc penser que le sculpteur, bien que séparé d’elle, ait répété la même intrigue pour semer l’ambiguïté.