André-Pierre ARNAL, "Sans titre", 1970
Dans la formation d’André-Pierre Arnal, désireux avant tout de « travailler la matière », font date sa rencontre avec Klee, élu son « père en peinture », avec Paulhan, dont il étudie la critique d’art, et avec les membres du futur mouvement Supports/Surfaces, dont il organise l’une des premières expositions collectives à Montpellier, en 1968. Arnal écrit. Sa peinture se situe entre dessin et couleur, au sein de textures qui lui sont propres, obtenues par l’expérimentation de techniques diverses, commencée dès 1965, successivement « monotypes, empreintes, fripages, froissages, pliages, teintures sur réserves, ficelages, frottages, pochoirs, et arrachements ». Il a opté pour la toile libre, et définit sa recherche « comme un essai d’analyse progressive mais non systématique, des modes d’inscription de la couleur sur un support ».
"Sans titre" inscrit sur la surface vierge, non tendue, la densité d’une couleur pure dans un motif géométrique simple, régulier, dû au pliage. Plus tard, Arnal va procéder de façon plus complexe, parlant « d’étaler la couleur sur la matrice étendue au sol comme une palette de plusieurs mètres carrés, juxtaposer et poser les couleurs en surfaces anonymes par-dessus toutes les traces, tous les résidus des arrachements précédents, de manière à retrouver une surface générale homogène, pleine et entière, sur laquelle, sans préjuger des formats, des toiles viendront se coller avant de prendre leur envol dans le son déchirant de l’arrachement ». En résultent sa Jungle du sens (1992), ou les suites de La Mémoire qui déborde et Table de la loi (1997), exposées par le Musée dans l’exposition Les formes de la couleur en 1997-1998.