Le XVIe siècle correspond à l'apogée des grandes écoles armurières européennes. Au-delà d'une production de masse destinée à l'équipement des simples soldats, se développent des ateliers occupés à la réalisation de harnois d'apparat destinés à une clientèle privilégiée. Dans les années 1530, les « armaioli » milanais introduisent de nouvelles techniques décoratives, comme le repoussé (décor en relief) ou la damasquine (inscrustation de métaux précieux), qui hissent les armures au rang de parures héroïques. L'armure aux lions, attribuée à Giovani Paolo ou Giovani Pietro Negroli, bien qu'elle ne soit pas signée comme les réalisations majeures de leur atelier, a peut-être été réalisée pour François Ier (1494-1547), si on en croit ses mensurations généreuses. La grande croix d'argent damasquinée sur le plastron et le collier de l'ordre de Saint-Michel ciselé autour du col permettent avec certitude de l'attribuer à un prince français. Cette oeuvre est surtout remarquable par les têtes de lions repoussées sur la défense de tête, les épaulières, les cubitières et les gantelets, tandis que les pièces de métal noirci sont soulignées de fins rinceaux damasquinés d'or.
Cette demi-armure était conservée jusqu'en 1793 dans le cabinet des armes des Condé au château de Chantilly.