Arquebuse à rouet, Bavière, vers 1680 Vue générale

Assez proche dans son aspect extérieur des tschinkés polonaises, ces carabines de chasse légères utilisées notamment pour le tir au posé, notre arme est une version tardive des arquebuses à rouet dont les premiers spécimens apparaissent dans le sud de l'Allemagne et au nord de l'Italie au tout début du XVIe siècle. Vraisemblablement mis au point par des horlogers/serruriers à partir des allume-feu domestiques existants, le rouet est alors monté sur une platine adaptée. Mue par un ressort, cette petite roue produit les étincelles nécessaires à la mise à feu au contact d'un silex.
Très richement décorée de la crosse, au fût en passant par le canon et le chien, l'arquebuse à rouet présente également plusieurs caractéristiques techniques. À commencer par un rouet entièrement recouvert de son timbre formant comme une cloche au-dessus du mécanisme de mise à feu. Disposant d'une âme rayée, le canon a quant à lui été façonné en étoile, tandis que la crosse abrite en son centre un astucieux magasin à accessoires qui se découvre en faisant glisser une petite languette de bois.
Mais revenons à l'essentiel, c'est-à-dire ce travail d'ornementation proche de la marqueterie avec des incrustations d'ivoire d'une finesse remarquable. Lièvres, faisans et chiens de chasse attestent de l'utilisation cynégétique de l'arme, même si d'autres sujets (masques grotesques et satires) placés au centre de volutes et de rinceaux végétaux peuvent porter à confusion. Les pans supérieurs du canon et le chien sont gravés. Si les rinceaux du canon sont presqu'entièrement effacés, on y décèle toutefois des fleurs de lys, le visage d'un homme barbu reste visible à la base du chien.