Arquebuse à rouet, France, vers 1620-1630 Vue générale

D'une conception technique peu utilisée dans la production française de l'époque, cette arme est équipée d'une platine à double rouet permettant le tir de deux charges successives dans un même canon.
Taillé à huit pans anciennement « couleur deau » à âme lisse, le tube est orné, à la bouche et au tonnerre, de deux plages incrustées de motifs en argent finement ciselés. La platine aux bords externes fortement chanfreinés agrémentés de rinceaux obtenus par les mêmes procédés que les décors du tube, ciselée à l'arrière d'une tête de monstre dans le goût des échantillons graphiques de Jean Hennequin et postérieurement de François Marcou, combine deux mécanismes de mise à feu. Le rouet antérieur monté avec un ressort fixé à l'intérieur de la platine est doté d'un chien dont la mâchoire inférieure est restée libre ; le rouet arrière, d'un diamètre de dimensions très supérieures, actionné par le grand ressort inclus dans le fût selon le système français, est servi inversement par un chien de type allemand prenant appui sur le ressort externe et cerclant le rouet antérieur à la manière des « ressorts faucilles » germaniques du XVIe siècle. Le poinçon Stöckel 5797 est insculpé à proximité de la bride arrière.
La monture d'une belle facture est en bois de cormier allégée de gorges et moulures. Au revers la contre-platine sur laquelle se fixe une des extrémités de la tringle de suspension est finement gravée de la représentation d'un dragon. La sous-garde supporte le pontet dessinant une esse qui assure la protection des deux détentes déportées vers la droite selon l'usage français. Les deux porte-baguettes arrière, la bride serrant le ressort du chien avant et une partie du chien arrière peuvent avoir été changés et correspondre à des adjonctions postérieures.
Ce système à plusieurs rouets sur une même platine associé à un ou plusieurs tubes et actionné par une ou deux détentes est donc connu des arquebusiers français, sont parvenus jusqu'à nous. Les rouets géminés servant un même tube sont plus exceptionnels. Le pistolet du musée de l'Armée, pièce de grande qualité et d'une extrême ingéniosité, adopte ce système. Quelques années plus tard, c'est d'une réflexion et approche technique voisine que procédera la mise au point du « système Bergier ».