Arquebuse à rouet, France, vers 1620 Vue générale

Cette arquebuse présente les particularités et les éléments d'identification techniques spécifiques à la construction des armes à rouet françaises qui s'est poursuivie depuis le début jusqu'à la fin du premier tiers du XVIIe siècle, sans rupture ni transformation apparente.
Les caractéristiques du mécanisme français se décèlent au regard : le corps de la platine allongé en pointe vers l'arrière est modelé autour du rouet dont l'axe traverse la monture pour émerger au revers et pivoter au centre du porte-vis (ou contre-platine). L'existence du grand ressort coudé logé dans un évidemment interne est attestée par la goupille traversant la poignée de la crosse et l'ouverture ménagée dans la lame cernant l'arrondi de la monture. Le positionnement et le maintien du rouet, qui s'encastre à la base du bassinet et qu'assure l'axe transversal, trouve avec le guide-rouet ou bride latérale (absent sur ce mécanisme), un soutien complémentaire ; le bassinet est fermé par un couvercle actionné par un bouton de rappel. Le chien dont le pied prend appui sur un ressort à double branche est façonné en forme de balustre allant s'élargissant pour intégrer la mâchoire supérieure, la mâchoire inférieure restant mobile à la manière française. Le canon à âme lisse taillé à pans sur toute sa longueur est équipé, au niveau du tonnerre, d'une visée fixe traçant une volute et à la bouche d'un grain d'orge. La plaque de couche, la contre-platine, le pontet de sous-garde, la lame cernant la base de la crosse, l'embouchoir du fût, sont en fer uni.
La monture en bois de poirier à la belle tonalité orangée est animée de moulures et s'achève sur une crosse triangulaire soulignée d'un fort bandeau. Comme à l'accoutumée le numéro de l'Inventaire de la Couronne a été gravé au-dessous de la platine sur le talon qui sert de contrefort à la partie en saillie de la monture. Le profil de l'arme est équilibré, les lignes sont sobres, austères, elle semble conçue pour une activité plus militaire que cynégétique ; son poids et ses dimensions permettent l'épaulement, au creux de l'épaule, pratique traditionnelle dans notre pays qui ne nécessite pas l'utilisation d'une fourquine.